COMMENT
OBSERVER L'ASTRAL :
LE
CORPS DE SENSATION
Le
corps astral peut être aussi appelé corps de sensation.
C'est en effet par la sensation que l'activité du corps astral se manifeste de
la façon la plus directe et la plus immédiate. Partout où il y a astralité apparaît la
sensation. Le corps astral mérite
surtout ce nom de corps de sensation lorsqu'on le considère à l'état primitif,
tel qu'il existe encore chez les animaux inférieurs.
Chez l'homme, au stade de développement
atteint actuellement par l'humanité, il procure la pure sensation. Mais cette sensation pure est extrêmement
fugitive et il faut faire effort pour la maintenir, ne serait-ce qu'un rapide
instant, dans la conscience. En effet,
dès qu'apparaît une sensation, elle est
immédiatement mêlée à notre vie affective, intellectuelle et volontaire.
A peine est-elle née que le sentiment s'en
empare ; tantôt il l'accueille et en jouit, tandis que la volonté cherche à la
prolonger ou à la renouveler, tantôt il s'en détourne et la volonté tend à
l'écarter. Elle devient en même temps
objet de représentation. La pensée
l'analyse, en cherche la cause, la compare, la juge d'après des normes
préétablies, se concentre sur elle ou cherche à s'en distraire.
Ainsi, la sensation ne parvient à notre conscience que
mêlée à mille autres éléments où l'astralité est nuancée soit par l'éthérique,
lorsque c'est notre tempérament qui nous pousse à l'accueillir ou à la rejeter,
soit par la pensée ou le sentiment qui viennent la renforcer ou l'assourdir. De toute façon, elle est très rapidement
transformée, rendue souvent méconnaissable. Il suffit, pour s'en convaincre, de chercher à
se rappeler une sensation même très vive, une douleur cuisante ou une grande
jouissance. C'est une vérité banale que
les joies et les souffrances s'oublient vite ; elles se métamorphosent surtout
dans la mémoire, et le souvenir que nous en gardons ne nous en représente plus
qu'un schéma déformé et pâli.
Ce serait un exercice fort important que de parvenir à
saisir la sensation pure, de pouvoir la laisser résonner en nous sans que s'y
mêle de la sympathie ou de l'antipathie, du sentiment ou un jugement. C'est, en effet, par la sensation que nous
sommes renseignés sur le monde physique. Elle apporte avec elle un enseignement que
nous déformons si nous y mêlons immédiatement un apport trop personnel. Mais c'est un exercice fort difficile à réaliser,
car s'attacher à la sensation et l'observer, c'est souvent la faire
disparaître.
C'est, en outre, un exercice qui
pourrait devenir dangereux s'il n'était précédé d'une très sérieuse préparation
morale.
Qui pourrait répondre de ne jamais être tenté de rechercher la
sensation pour elle-même, pour le plaisir que nous y prenons, sous le prétexte
de l'observer ? Cela peut se produire même si la sensation est tout d' abord
désagréable. La recherche de certaines
sensations douloureuses est une déformation ou une anomalie fréquente de la
sensualité.
L'élaboration de la sensation, par le corps éthérique
et les forces de l'âme, dure pendant un certain temps. Il faut environ trois jours pour que cette
élaboration soit entièrement terminée. Au
bout de trois jours une sorte de stabilité s'établit. C'est l'image de la sensation complètement
élaborée au bout de trois jours qui se fixe dans la mémoire. C'est cette image-souvenir transformée,
déformée, ennoblie ou trivialisée, mêlée de sentiments, d'attirance ou
d'antipathie, classée et jugée par la pensée, que nous pourrons ensuite faire revivre
dans notre conscience, tant qu'elle n'aura pas sombré définitivement dans
l'oubli.
Il serait fort important de pouvoir comparer la
sensation pure, instantanée, et son image élaborée telle qu'elle subsiste dans
la mémoire. C'est presque impossible. Pourtant nous apprendrions ainsi bien des
choses sur nous-même. Cette déformation
qui est à la base d'illusions ou de préventions joue un rôle important dans le
travail de l'artiste et surtout du littérateur.
Certains esprits déforment artistiquement ;
d'autres affadissent ou vulgarisent.
Une étude de la sensation est cependant très
importante pour la connaissance de l'astralité, et notamment pour nous apprendre
à distinguer l'activité du corps astral de celle du corps éthérique et à
établir les rapports de l'un et de l'autre avec le corps physique. Nous
donnerons quelques indications élémentaires sur ce point.
Toute sensation, agréable ou pénible, provient de
l'activité du corps astral. Nous pouvons
donc dire que chaque fois qu'un événement quelconque est accompagné d'une
sensation, le corps astral y participe. Inversement,
chaque fois qu'il n'y a pas sensation, c'est que le corps astral y reste
étranger.
Or, certains faits
physiologiques, même fort importants ou fort graves, peuvent n'être accompagnés
d'aucune sensation. Le cancer à ses
débuts, par exemple, ne produit aucune douleur. Il en est de même d'un grand nombre
d'intoxications qui ne se révèlent par la douleur qu'après avoir accompli de
grands ravages. Nous avons affaire dans
ces cas à des maladies qui attaquent surtout les corps éthérique et physique,
et non le corps astral.
Inversement,
certaines affections qui n'atteignent pas gravement les corps éthérique et
physique, comme le mal de dents et certains rhumatismes, provoquent une grande
douleur. Ces affections ont donc surtout
pour siège le corps astral.[1]
D'ailleurs si le corps astral n'est pas
affecté par la maladie, l'état mental du malade reste normal. Un cancéreux, même gravement atteint, conserve
souvent plus de lucidité dans sa pensée, plus de fermeté dans son humeur et ses
sentiments que s'il avait une rage de dents ou une migraine. Le corps astral n'étant pas atteint, la
conscience reste claire.
Toute sensation exprime une variation dans les
rapports entre le corps astral et les corps physique ou éthérique. Si ces
rapports sont complètement supprimés, comme dans le sommeil profond, ou sous
l'action de narcotiques, ou dans les cas d'évanouissement, d'hypnose, toute
sensation disparaît. Le corps astral est détaché des corps physique et
éthérique.
Si les liens entre le corps astral et les corps
physique et éthérique sont simplement relâchés, cette légère libération du
corps astral se traduit en nous par une sensation agréable. Si par contre le corps astral se lie plus
étroitement aux autres corps, alors naît la douleur.
Il y a, entre le corps astral et
les autres éléments constitutifs de l'homme, une sorte d'équilibre qui assure
la pleine maîtrise de la pensée, des sentiments et de la volonté.
Une
rupture de cet équilibre par relâchement ou resserrement des liens du corps
astral avec l'éthérique ou le physique va provoquer la joie ou la douleur et
diminuer en même temps notre conscience. Une grande joie et surtout une grande
douleur font « perdre la tête ».
Lorsque la sensation atteint une certaine acuité,
variable selon les individus, la contraction ou le relâchement des liens entre
le corps astral et le physique-éthérique va entraîner des effets
physiologiques.
Voici un cas de contraction :
La douleur fait jaillir des larmes. Pourquoi ? Les
glandes lacrymales, comme toutes les glandes, sont sous la dépendance étroite
du corps éthérique. Si l'astral afflue
vers le centre de l'être, l'éthérique se rétracte et, par pression, produit la
sécrétion physique. Une douleur
particulièrement aiguë ou prolongée entraîne d'autres répercussions
physiologiques, notamment sur le système digestif qui est dominé tout
particulièrement par le corps astral ; elle peut causer des vomissements, par
exemple ; une trop grande émotivité peut, dans certains cas, être la cause de
l'entérite, etc…
Le relâchement
brusque des liens du corps astral avec le physique-éthérique déclenche le rire.
Le rire peut avoir des conséquences
physiologiques bienfaisantes. Il peut
être ressenti comme une nécessité après une émotion ou une douleur, ou encore
une attention soutenue et prolongée qui a maintenu pendant trop longtemps la
contraction du corps astral. Ce fait est
particulièrement frappant chez les enfants ou les jeunes gens parce que chez
eux les liens du corps astral avec le physique et l'éthérique sont encore très
lâches.
Les jeunes enfants passent
brusquement du rire aux larmes et inversement. Ce fait explique également pourquoi une
atmosphère joyeuse peut être favorable à beaucoup de malades, leur faire « oublier
» leur souffrance ; elle la diminue même réellement. La caresse a le même effet de relâchement sur
le corps astral. C'est pourquoi les
animaux, qui ne peuvent pas rire, aiment à être caressés. Si on passe doucement un doigt autour d'un
point douloureux, la souffrance diminue momentanément par un léger dégagement
de l'astral.
Nous voyons par ces derniers exemples que, si
l'équilibre du corps astral avec les autres corps est rompu d'une façon trop
forte ou trop prolongée, il tend à se rétablir par une sorte de compensation,
analogue à un mouvement de balancier. Une
souffrance trop intense peut provoquer un évanouissement, donc un relâchement
tel qu'il entraîne la rupture complète des liens qui relient le corps astral au
physique-éthérique.
Inversement si le
rire s'accentue et se prolonge jusqu'au fou rire, le trop grand relâchement du
corps astral tend à se compenser par des séries de contractions brusques et on
rit « aux larmes ». Ce rire spasmodique
devient alors douloureux.
Une chute ou de brusques variations de vitesse ont
également pour effet le dégagement du corps astral suivi de contractions. C'est ce qu'on cherche à provoquer dans les
attractions foraines comme les « montagnes russes », dont les glissades
rapides suivies de ralentissements déclenchent des cris et des rires
spasmodiques. Ces mouvements réduits au
bercement relâchent doucement le corps astral et endorment. Plus accentués et
répétés, ils absorbent l'activité du corps astral en l'obligeant à des
contractions et des relâchements continus qui le détournent de ses autres
fonctions, notamment des fonctions digestives ; on a le mal de mer avec ses
conséquences de nausées, de vomissements et de diminution de la conscience.
De telles observations, et beaucoup d'autres que nous
pouvons faire sur nous-même chaque jour, nous permettent de mieux saisir
l'activité du corps astral. Elles nous
aident également à comprendre que même dans les sensations qui ne
s'accompagnent pas d'un sentiment appréciable de douleur ou de joie, le corps
astral est perpétuellement actif.
On s'imagine volontiers, sur la foi des manuels de
physiologie ou de psychologie, que la sensation est due uniquement à une action
extérieure en face de laquelle nous serions purement réceptifs, complètement
passifs. On prétend expliquer, par
exemple, la sensation visuelle en montrant que d'hypothétiques vibrations ou
corpuscules lumineux pénétreraient dans l'œil jusqu'à la rétine, que ces
vibrations seraient transmises par les nerfs optiques jusqu'au cerveau où cette
action, jusqu'ici purement mécanique, serait miraculeusement transformée en une
image de formes et de couleurs.
Ce roman
pseudo-scientifique n'a d'ailleurs jamais satisfait personne et les
psychologues et physiologistes sérieux l'ont toujours présenté comme une
hypothèse qu'on ne retient qu'à défaut d'une autre meilleure. La mystérieuse transformation d'une action
purement mécanique en sensation a toujours paru le point faible de cette
hypothèse.
En réalité, cette théorie de la sensation ne tient
compte que de la moitié du phénomène. Pour
qu'il y ait sensation, il ne suffit pas de l'action du monde extérieur. Il faut que l'activité du corps astral et
aussi du corps éthérique vienne s'y joindre. Les organes des sens ne sont pas simplement
des agents de réception et de transmission. A travers eux l'activité des corps
astral et éthérique « sort » en quelque sorte au-devant de l’action physique
extérieure. C'est de la rencontre de
cette action extérieure et du corps astral que naît la sensation.
Cette participation active des corps astral et
éthérique dans le phénomène de la sensation permet de comprendre le transfert
des sens qui se produit fréquemment chez les personnes qui ont perdu l'usage
des organes d'un sens : l'aveugle, par exemple, qui arrive à percevoir des
faits que normalement on ne perçoit que par la vue. Le corps astral, qui ne
peut plus exercer son activité au travers de l'organe détruit, se sert d'un
autre organe. On dit que les autres sens s'affinent. Mais ce n'est pas tant
leur délicatesse en tant qu'organes de réception qui augmente que l'activité propre
du corps astral.
On peut également comprendre pour les mêmes raisons
les faits plus rares et extraordinaires de perceptions comme les visions à
distance d'objets physiques sans usage possible des organes sensoriels. L'activité du corps astral supplée à
l'insuffisance ou à l'impossibilité d'exercer l'organe physique. On cite de nombreux cas où les sorciers de
tribus sauvages, en danger de mourir de faim ou de soif, ont pu percevoir à
grande distance du gibier ou un point d'eau en un endroit déterminé, parfois
fort éloigné. Le fait serait assez
fréquent chez les Esquimaux et chez les naturels des déserts d'Afrique
australe. La vision à distance se
produit aussi chez certains médiums ou peut parfois être provoquée par hypnose.
Il n'y a pas de différence essentielle
de nature, mais seulement de degré entre des faits de ce genre et la vision
normale. L'activité du corps astral est
devenue si intense qu'elle peut s'exercer sans passer par l'intermédiaire de
l'organe physique.
Des observations comme celles que nous venons de faire
nous ont permis de constater l'activité du corps astral et de la délimiter.
Elles ne nous ont pas encore permis de déterminer les lois propres à l'astral.
Nous avions pourtant, par nos observations sur les
plantes, pu dégager certaines lois du monde éthérique. Pourquoi n'arrivons-nous pas au même résultat
par nos observations sur l'astral ? La
difficulté dans ce dernier cas tient à la complexité, que nous avons déjà
relevée, de nos états de conscience.
Mais
nous pouvons découvrir certaines des lois de l'astral en observant un phénomène
bien connu, et trop souvent méconnu, parce que mal observé : le rêve.
LA CONSCIENCE DE RÊVE
Certaines caractéristiques de la conscience de rêve
peuvent nous éclairer sur l'activité du corps astral. Pendant le sommeil, le corps astral et le moi
étant séparés des corps physique et éthérique, notre conscience normale
s'efface et disparaît. Nous ne
conservons aucun souvenir de l'activité du corps astral pendant le sommeil
profond.
Mais cet état intermédiaire
entre le sommeil profond et la veille qu'est l'état de rêve va nous faire
entrevoir certains aspects caractéristiques de l'astral.
Le corps astral n'a plus à ce moment que des
liens très relâchés avec les corps éthérique et physique ; les lois propres au
monde astral vont donc s'exprimer plus librement dans le rêve. Pour les saisir, il faut naturellement
s'attacher à tout ce qui est caractéristique dans la conscience de rêve, à tout
ce qui la différencie de la conscience de veille.
Un rêve est généralement composé d'images empruntées
au monde sensible : personnes ou lieux que nous connaissons ou que nous
pourrions imaginer à l'état de veille. Mais ces images sont liées entre elles
de façon inhabituelle ; les personnages se livrent à des actes inattendus qui
nous paraissent parfois incohérents ou grotesques, souvent dramatiques. Pour saisir l'activité du corps astral, il n'y
a pas lieu de s'attacher aux images, mais à cette action dramatique qu'éveillés
nous n'aurions certes pas imaginée, et qui donne au rêve son caractère propre.
En étudiant cette originalité de la conscience de
rêve, on parvient à en dégager quelques caractéristiques très importantes pour
la connaissance de l'astral, et notamment : la projection hors de nous-même
d'états intérieurs, l'inversion du cours du temps, enfin la création de
symboles.
LA
PROJECTION DE SOI
Une personne
rêve qu'elle suit une route aboutissant à un pont. Sur ce pont, un groupe d'individus penchés sur
le parapet paraissent suivre avec passion un événement qui se déroule
au-dessous d'eux. Intrigué, le rêveur
s'approche et voit une rivière au lit très large, parsemé de cailloux, mais où
ne coule que très peu d'eau, une rivière du Midi. Cependant, au milieu du lit, un homme couché
sur le dos s'efforce de nager en faisant la planche dans quelques centimètres
d'eau. À chaque effort il se heurte
brutalement le dos aux cailloux. La
foule crie au nageur : « Sortez de là, vous allez vous blesser le dos. » Mais il répond : « Je veux plonger, je veux
plonger. » Le rêveur s'émeut. Il veut porter secours à cet homme. Il le faut. Mais comment ? Il cherche de tous côtés. Cet effort le réveille. Il s'aperçoit qu'une légère blessure qu'il
avait au dos s'est rouverte par suite d'un mouvement fait en dormant.
La douleur s'est traduite dans sa conscience
de rêve sous forme d'une image projetant la sensation hors de lui-même et la
reportant sur une autre personne.
Le point important dans un cas semblable,
c'est que le rêveur n'a pas imaginé qu'il se livrait à une action absurde, mais
à une action qui expliquerait la douleur qu'il ressentait. Il a vu quelqu'un d'autre se blessant le dos.
C'est ce transfert sur un autre de ce qu'on ressent soi-même qui est
caractéristique de la conscience de rêve.
Nous trouvons ici une première particularité de la vie
dans l'astral : une sorte de retournement de la conscience ayant pour conséquence
de projeter à l'extérieur un état intérieur ; de faire percevoir comment se
trouvent dans le monde qui nous entoure certaines sensations ou certains états
que, dans notre conscience de veille, nous percevrions en nous.
Cette première caractéristique de la conscience dans
l'astral est fort importante pour nous faire comprendre certains aspects de
notre vie intérieure et plus particulièrement de notre vie morale.
C'est cette faculté du corps astral qui nous permet de
ressentir la compassion ou la sympathie, au sens primitif et étymologique de
ces deux termes, c'est-à-dire exactement de souffrir avec un autre. Lorsque
nous souffrons de la douleur qu'un autre éprouve ou que nous nous réjouissons
de sa joie, ce n'est évidemment pas le sentiment d'autrui que nous ressentons. Les sentiments sont incommunicables ; ils
restent enfermés en nous et nous sommes incapables de ressentir ceux des
autres. Nous projetons sur autrui le
souvenir de sentiments que nous avons ressentis dans des circonstances
analogues, ou ceux qui seraient les nôtres si nous nous y trouvions. Cette tendance à transférer sur autrui nos
propres sentiments est la base même de la règle morale qui nous engage à ne pas
faire à autrui ce que nous ne voudrions pas qu'on nous fît.
Elle repose sur
une faculté de notre corps astral.
Nous pouvons en trouver la preuve dans le fait que les
êtres dont l'activité du corps astral est encore peu développée, comme les
enfants ou les êtres primitifs, sont souvent incapables de compassion. Répétons avec le fabuliste que l'enfance est
un âge sans pitié. Des enfants sont
parfois cruels, surtout avec des animaux. Il faut certes les en empêcher ; mais il
serait injuste de considérer ces actes de cruauté comme indice certain de
méchanceté. L'enfant est bien souvent
incapable de compassion parce que son corps astral n'a pas encore l'activité
nécessaire pour lui permettre de projeter hors de lui, de reporter sur
d'autres, des sentiments ou même des sensations comme la douleur qu'il n'a pas
éprouvée. L'activité du corps astral
n'est pleinement développée que vers quatorze ans ; la puberté est la
manifestation de cet entier développement. Avant cet âge le corps astral est encore
embryonnaire, comme le corps physique pendant la gestation.
Certaines facultés
du corps astral manquent à l'enfant ; on ne saurait lui en faire grief.
Si la faculté que nous étudions est une des bases de
la moralité, elle peut aussi être la source de beaucoup d'erreurs.
Il n'est personne qui n'ait plus ou moins tendance à
rejeter hors de soi ses qualités, ses tendances, ses défauts ou ses goûts. Souvent nous les attribuons gratuitement aux
autres. Et si nous nous apercevons que
nous nous sommes trompés, qu'ils ne sont pas comme nous, nous leur en voulons
de notre erreur. Bien des conflits entre
parents et enfants naissent de ce fait.
Plutôt que de chercher en nous les raisons de nos
échecs et de nos fautes, nous nous en débarrassons bien souvent en les
attribuant généreusement au monde extérieur. Il n'y a pas que les candidats recalés à un
examen qui rendent volontiers responsables de leur insuccès la méchanceté des
examinateurs ou cette entité symbolique qu'on charge volontiers de tous ses
péchés : la malchance. Il en est ainsi
dans les petits comme dans les grands événements. Quand on arrive en retard, ce n'est jamais par
sa faute, mais bien à cause d'une sorte de malignité des choses ou des gens.
Ce sont souvent nos impuissances et nos incapacités
que nous projetons volontiers hors de nous. Nous voudrions accomplir de grandes choses. Mais nous avons une vague conscience, une
conscience de rêve, de notre impuissance à les réaliser. Au lieu de le reconnaître, nous accuserons les
circonstances, notre mode de vie, le manque de temps ou d'argent ... et surtout
les autres qui ne nous ont pas soutenus, ou compris, ou qui nous ont
contrecarrés !
C'est notre corps astral qui nous permet de nous
soulager ainsi ... mais en même temps de nous leurrer.
Cette loi générale de l'inversion du monde intérieur
et du monde extérieur est surtout importante lorsque nous nous trouvons en face
des réalités et des êtres du monde astral. Il en est ainsi tout particulièrement après
notre mort dans l'existence qui s'écoule entre celle-ci et une nouvelle
incarnation. Rudolf Steiner enseigne que
ce retournement constitue l'essentiel des expériences par lesquelles nous
passons au cours d'une des périodes qui suivent la mort.
Ce sont ces expériences que les Hindous dénomment kamaloca
et que le christianisme décrit sous le nom de purgatoire.
Au cours de cette période, nous revivons tous
les événements de notre vie, mais inversés ; tout ce qui s'est déroulé dans
notre vie intérieure nous paraît étalé hors de nous dans le monde extérieur,
tandis que nous ressentons intérieurement les effets de nos actes. Au cours de notre vie physique, nous avons,
dans un accès de colère, frappé quelqu'un ; nous verrons dans le kamaloca notre
colère comme un rêve extérieur, une sorte d'animal féroce qui se jette sur
nous, et nous ressentirons la douleur du coup que nous avons porté, ainsi que
les sentiments de celui qui l'a reçu.
Nous retrouvons ici un phénomène analogue à celui de
la compassion. Il est cependant beaucoup plus profond, et le retournement des
situations est plus complet. Cela est dû
à ce que, pendant cette période de notre vie post mortem, nous avons perdu
notre corps physique et notre corps éthérique. Nous vivons donc dans l'astral pur et selon
ses lois.
Le retournement peut être
complet, ce qui n'est pas possible pendant notre vie incarnée, où les lois de
l'astral viennent sans cesse interférer avec les lois contraires du physique et
de l'éthérique. En outre, dans le monde
astral, les sentiments ne sont pas cachés en nous comme dans le monde physique.
Ils peuvent être perçus comme nous
percevons un objet dans le monde physique. La projection hors de nous-même de notre vie
intérieure peut donc y être complète.
L'observation d'une particularité de la vie de rêve
nous a ainsi permis d'atteindre une des lois générales du monde astral : celle
du retournement. Un autre exemple de rêve fera ressortir une seconde
caractéristique du corps astral.
[1] Ce fait n’a aucun rapport avec la cause,
l’origine des maladies. Une maladie qui
atteint surtout les corps éthérique et physique, comme le cancer, par exemple,
est presque toujours provoquée par un trouble du corps astral.
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