lundi 27 avril 2020

SEPTIÈME PARTIE DU LIVRE : UN CHEMIN VERS L'ESPRIT


COMMENT OBSERVER L'ASTRAL :
LE CORPS DE SENSATION

Le corps astral peut être aussi appelé corps de sensation

C'est en effet par la sensation que l'activité du corps astral se manifeste de la façon la plus directe et la plus immédiate.  Partout où il y a astralité apparaît la sensation.  Le corps astral mérite surtout ce nom de corps de sensation lorsqu'on le considère à l'état primitif, tel qu'il existe encore chez les animaux inférieurs.  

Chez l'homme, au stade de développement atteint actuellement par l'humanité, il procure la pure sensation.  Mais cette sensation pure est extrêmement fugitive et il faut faire effort pour la maintenir, ne serait-ce qu'un rapide instant, dans la conscience.  En effet, dès qu'apparaît une sensation, elle est immédiatement mêlée à notre vie affective, intellectuelle et volontaire.  

A peine est-elle née que le sentiment s'en empare ; tantôt il l'accueille et en jouit, tandis que la volonté cherche à la prolonger ou à la renouveler, tantôt il s'en détourne et la volonté tend à l'écarter.  Elle devient en même temps objet de représentation.  La pensée l'analyse, en cherche la cause, la compare, la juge d'après des normes préétablies, se concentre sur elle ou cherche à s'en distraire.

Ainsi, la sensation ne parvient à notre conscience que mêlée à mille autres éléments où l'astralité est nuancée soit par l'éthérique, lorsque c'est notre tempérament qui nous pousse à l'accueillir ou à la rejeter, soit par la pensée ou le sentiment qui viennent la renforcer ou l'assourdir.  De toute façon, elle est très rapidement transformée, rendue souvent méconnaissable.  Il suffit, pour s'en convaincre, de chercher à se rappeler une sensation même très vive, une douleur cuisante ou une grande jouissance.  C'est une vérité banale que les joies et les souffrances s'oublient vite ; elles se métamorphosent surtout dans la mémoire, et le souvenir que nous en gardons ne nous en représente plus qu'un schéma déformé et pâli.

Ce serait un exercice fort important que de parvenir à saisir la sensation pure, de pouvoir la laisser résonner en nous sans que s'y mêle de la sympathie ou de l'antipathie, du sentiment ou un jugement.  C'est, en effet, par la sensation que nous sommes renseignés sur le monde physique.  Elle apporte avec elle un enseignement que nous déformons si nous y mêlons immédiatement un apport trop personnel.  Mais c'est un exercice fort difficile à réaliser, car s'attacher à la sensation et l'observer, c'est souvent la faire disparaître.  

C'est, en outre, un exercice qui pourrait devenir dangereux s'il n'était précédé d'une très sérieuse préparation morale. 

Qui pourrait répondre de ne jamais être tenté de rechercher la sensation pour elle-même, pour le plaisir que nous y prenons, sous le prétexte de l'observer ? Cela peut se produire même si la sensation est tout d' abord désagréable.  La recherche de certaines sensations douloureuses est une déformation ou une anomalie fréquente de la sensualité.

L'élaboration de la sensation, par le corps éthérique et les forces de l'âme, dure pendant un certain temps.  Il faut environ trois jours pour que cette élaboration soit entièrement terminée.  Au bout de trois jours une sorte de stabilité s'établit.  C'est l'image de la sensation complètement élaborée au bout de trois jours qui se fixe dans la mémoire.  C'est cette image-souvenir transformée, déformée, ennoblie ou trivialisée, mêlée de sentiments, d'attirance ou d'antipathie, classée et jugée par la pensée, que nous pourrons ensuite faire revivre dans notre conscience, tant qu'elle n'aura pas sombré définitivement dans l'oubli.

Il serait fort important de pouvoir comparer la sensation pure, instantanée, et son image élaborée telle qu'elle subsiste dans la mémoire.  C'est presque impossible.  Pourtant nous apprendrions ainsi bien des choses sur nous-même.   Cette déformation qui est à la base d'illusions ou de préventions joue un rôle important dans le travail de l'artiste et surtout du littérateur.  
Certains esprits déforment artistiquement ; d'autres affadissent ou vulgarisent.

Une étude de la sensation est cependant très importante pour la connaissance de l'astralité, et notamment pour nous apprendre à distinguer l'activité du corps astral de celle du corps éthérique et à établir les rapports de l'un et de l'autre avec le corps physique. Nous donnerons quelques indications élémentaires sur ce point.

Toute sensation, agréable ou pénible, provient de l'activité du corps astral.  Nous pouvons donc dire que chaque fois qu'un événement quelconque est accompagné d'une sensation, le corps astral y participe.  Inversement, chaque fois qu'il n'y a pas sensation, c'est que le corps astral y reste étranger.  
Or, certains faits physiologiques, même fort importants ou fort graves, peuvent n'être accompagnés d'aucune sensation.  Le cancer à ses débuts, par exemple, ne produit aucune douleur.  Il en est de même d'un grand nombre d'intoxications qui ne se révèlent par la douleur qu'après avoir accompli de grands ravages.  Nous avons affaire dans ces cas à des maladies qui attaquent surtout les corps éthérique et physique, et non le corps astral.  

Inversement, certaines affections qui n'atteignent pas gravement les corps éthérique et physique, comme le mal de dents et certains rhumatismes, provoquent une grande douleur.  Ces affections ont donc surtout pour siège le corps astral.[1]  D'ailleurs si le corps astral n'est pas affecté par la maladie, l'état mental du malade reste normal.  Un cancéreux, même gravement atteint, conserve souvent plus de lucidité dans sa pensée, plus de fermeté dans son humeur et ses sentiments que s'il avait une rage de dents ou une migraine.  Le corps astral n'étant pas atteint, la conscience reste claire.

Toute sensation exprime une variation dans les rapports entre le corps astral et les corps physique ou éthérique. Si ces rapports sont complètement supprimés, comme dans le sommeil profond, ou sous l'action de narcotiques, ou dans les cas d'évanouissement, d'hypnose, toute sensation disparaît. Le corps astral est détaché des corps physique et éthérique.  
Si les liens entre le corps astral et les corps physique et éthérique sont simplement relâchés, cette légère libération du corps astral se traduit en nous par une sensation agréable.  Si par contre le corps astral se lie plus étroitement aux autres corps, alors naît la douleur. 

Il y a, entre le corps astral et les autres éléments constitutifs de l'homme, une sorte d'équilibre qui assure la pleine maîtrise de la pensée, des sentiments et de la volonté.

Une rupture de cet équilibre par relâchement ou resserrement des liens du corps astral avec l'éthérique ou le physique va provoquer la joie ou la douleur et diminuer en même temps notre conscience. Une grande joie et surtout une grande douleur font « perdre la tête ».
Lorsque la sensation atteint une certaine acuité, variable selon les individus, la contraction ou le relâchement des liens entre le corps astral et le physique-éthérique va entraîner des effets physiologiques. 

Voici un cas de contraction :

La douleur fait jaillir des larmes. Pourquoi ? Les glandes lacrymales, comme toutes les glandes, sont sous la dépendance étroite du corps éthérique.  Si l'astral afflue vers le centre de l'être, l'éthérique se rétracte et, par pression, produit la sécrétion physique.  Une douleur particulièrement aiguë ou prolongée entraîne d'autres répercussions physiologiques, notamment sur le système digestif qui est dominé tout particulièrement par le corps astral ; elle peut causer des vomissements, par exemple ; une trop grande émotivité peut, dans certains cas, être la cause de l'entérite, etc…

Le relâchement brusque des liens du corps astral avec le physique-éthérique déclenche le rire.  Le rire peut avoir des conséquences physiologiques bienfaisantes.  Il peut être ressenti comme une nécessité après une émotion ou une douleur, ou encore une attention soutenue et prolongée qui a maintenu pendant trop longtemps la contraction du corps astral.  Ce fait est particulièrement frappant chez les enfants ou les jeunes gens parce que chez eux les liens du corps astral avec le physique et l'éthérique sont encore très lâches.  

Les jeunes enfants passent brusquement du rire aux larmes et inversement.  Ce fait explique également pourquoi une atmosphère joyeuse peut être favorable à beaucoup de malades, leur faire « oublier » leur souffrance ; elle la diminue même réellement.  La caresse a le même effet de relâchement sur le corps astral.  C'est pourquoi les animaux, qui ne peuvent pas rire, aiment à être caressés.  Si on passe doucement un doigt autour d'un point douloureux, la souffrance diminue momentanément par un léger dégagement de l'astral.

Nous voyons par ces derniers exemples que, si l'équilibre du corps astral avec les autres corps est rompu d'une façon trop forte ou trop prolongée, il tend à se rétablir par une sorte de compensation, analogue à un mouvement de balancier.  Une souffrance trop intense peut provoquer un évanouissement, donc un relâchement tel qu'il entraîne la rupture complète des liens qui relient le corps astral au physique-éthérique.  

Inversement si le rire s'accentue et se prolonge jusqu'au fou rire, le trop grand relâchement du corps astral tend à se compenser par des séries de contractions brusques et on rit « aux larmes ».  Ce rire spasmodique devient alors douloureux.

Une chute ou de brusques variations de vitesse ont également pour effet le dégagement du corps astral suivi de contractions.  C'est ce qu'on cherche à provoquer dans les attractions foraines comme les «  montagnes russes », dont les glissades rapides suivies de ralentissements déclenchent des cris et des rires spasmodiques.  Ces mouvements réduits au bercement relâchent doucement le corps astral et endorment. Plus accentués et répétés, ils absorbent l'activité du corps astral en l'obligeant à des contractions et des relâchements continus qui le détournent de ses autres fonctions, notamment des fonctions digestives ; on a le mal de mer avec ses conséquences de nausées, de vomissements et de diminution de la conscience.

De telles observations, et beaucoup d'autres que nous pouvons faire sur nous-même chaque jour, nous permettent de mieux saisir l'activité du corps astral.  Elles nous aident également à comprendre que même dans les sensations qui ne s'accompagnent pas d'un sentiment appréciable de douleur ou de joie, le corps astral est perpétuellement actif.

On s'imagine volontiers, sur la foi des manuels de physiologie ou de psychologie, que la sensation est due uniquement à une action extérieure en face de laquelle nous serions purement réceptifs, complètement passifs.  On prétend expliquer, par exemple, la sensation visuelle en montrant que d'hypothétiques vibrations ou corpuscules lumineux pénétreraient dans l'œil jusqu'à la rétine, que ces vibrations seraient transmises par les nerfs optiques jusqu'au cerveau où cette action, jusqu'ici purement mécanique, serait miraculeusement transformée en une image de formes et de couleurs.  
Ce roman pseudo-scientifique n'a d'ailleurs jamais satisfait personne et les psychologues et physiologistes sérieux l'ont toujours présenté comme une hypothèse qu'on ne retient qu'à défaut d'une autre meilleure.  La mystérieuse transformation d'une action purement mécanique en sensation a toujours paru le point faible de cette hypothèse.

En réalité, cette théorie de la sensation ne tient compte que de la moitié du phénomène.  Pour qu'il y ait sensation, il ne suffit pas de l'action du monde extérieur.  Il faut que l'activité du corps astral et aussi du corps éthérique vienne s'y joindre.  Les organes des sens ne sont pas simplement des agents de réception et de transmission. A travers eux l'activité des corps astral et éthérique « sort » en quelque sorte au-devant de l’action physique extérieure.  C'est de la rencontre de cette action extérieure et du corps astral que naît la sensation.

Cette participation active des corps astral et éthérique dans le phénomène de la sensation permet de comprendre le transfert des sens qui se produit fréquemment chez les personnes qui ont perdu l'usage des organes d'un sens : l'aveugle, par exemple, qui arrive à percevoir des faits que normalement on ne perçoit que par la vue. Le corps astral, qui ne peut plus exercer son activité au travers de l'organe détruit, se sert d'un autre organe. On dit que les autres sens s'affinent. Mais ce n'est pas tant leur délicatesse en tant qu'organes de réception qui augmente que l'activité propre du corps astral.
On peut également comprendre pour les mêmes raisons les faits plus rares et extraordinaires de perceptions comme les visions à distance d'objets physiques sans usage possible des organes sensoriels.  L'activité du corps astral supplée à l'insuffisance ou à l'impossibilité d'exercer l'organe physique.  On cite de nombreux cas où les sorciers de tribus sauvages, en danger de mourir de faim ou de soif, ont pu percevoir à grande distance du gibier ou un point d'eau en un endroit déterminé, parfois fort éloigné.  Le fait serait assez fréquent chez les Esquimaux et chez les naturels des déserts d'Afrique australe.  La vision à distance se produit aussi chez certains médiums ou peut parfois être provoquée par hypnose.  Il n'y a pas de différence essentielle de nature, mais seulement de degré entre des faits de ce genre et la vision normale.  L'activité du corps astral est devenue si intense qu'elle peut s'exercer sans passer par l'intermédiaire de l'organe physique.

Des observations comme celles que nous venons de faire nous ont permis de constater l'activité du corps astral et de la délimiter. Elles ne nous ont pas encore permis de déterminer les lois propres à l'astral.

Nous avions pourtant, par nos observations sur les plantes, pu dégager certaines lois du monde éthérique.  Pourquoi n'arrivons-nous pas au même résultat par nos observations sur l'astral ?  La difficulté dans ce dernier cas tient à la complexité, que nous avons déjà relevée, de nos états de conscience.  

Mais nous pouvons découvrir certaines des lois de l'astral en observant un phénomène bien connu, et trop souvent méconnu, parce que mal observé : le rêve.

LA CONSCIENCE DE RÊVE

Certaines caractéristiques de la conscience de rêve peuvent nous éclairer sur l'activité du corps astral.  Pendant le sommeil, le corps astral et le moi étant séparés des corps physique et éthérique, notre conscience normale s'efface et disparaît.  Nous ne conservons aucun souvenir de l'activité du corps astral pendant le sommeil profond.  

Mais cet état intermédiaire entre le sommeil profond et la veille qu'est l'état de rêve va nous faire entrevoir certains aspects caractéristiques de l'astral.  

Le corps astral n'a plus à ce moment que des liens très relâchés avec les corps éthérique et physique ; les lois propres au monde astral vont donc s'exprimer plus librement dans le rêve.  Pour les saisir, il faut naturellement s'attacher à tout ce qui est caractéristique dans la conscience de rêve, à tout ce qui la différencie de la conscience de veille.

Un rêve est généralement composé d'images empruntées au monde sensible : personnes ou lieux que nous connaissons ou que nous pourrions imaginer à l'état de veille. Mais ces images sont liées entre elles de façon inhabituelle ; les personnages se livrent à des actes inattendus qui nous paraissent parfois incohérents ou grotesques, souvent dramatiques.  Pour saisir l'activité du corps astral, il n'y a pas lieu de s'attacher aux images, mais à cette action dramatique qu'éveillés nous n'aurions certes pas imaginée, et qui donne au rêve son caractère propre.

En étudiant cette originalité de la conscience de rêve, on parvient à en dégager quelques caractéristiques très importantes pour la connaissance de l'astral, et notamment : la projection hors de nous-même d'états intérieurs, l'inversion du cours du temps, enfin la création de symboles.

LA PROJECTION DE SOI

Une personne rêve qu'elle suit une route aboutissant à un pont.  Sur ce pont, un groupe d'individus penchés sur le parapet paraissent suivre avec passion un événement qui se déroule au-dessous d'eux.  Intrigué, le rêveur s'approche et voit une rivière au lit très large, parsemé de cailloux, mais où ne coule que très peu d'eau, une rivière du Midi.  Cependant, au milieu du lit, un homme couché sur le dos s'efforce de nager en faisant la planche dans quelques centimètres d'eau.  À chaque effort il se heurte brutalement le dos aux cailloux.  La foule crie au nageur : « Sortez de là, vous allez vous blesser le dos. »  Mais il répond : « Je veux plonger, je veux plonger. »  Le rêveur s'émeut.  Il veut porter secours à cet homme.  Il le faut.  Mais comment ?  Il cherche de tous côtés.  Cet effort le réveille.  Il s'aperçoit qu'une légère blessure qu'il avait au dos s'est rouverte par suite d'un mouvement fait en dormant.  

La douleur s'est traduite dans sa conscience de rêve sous forme d'une image projetant la sensation hors de lui-même et la reportant sur une autre personne.  

Le point important dans un cas semblable, c'est que le rêveur n'a pas imaginé qu'il se livrait à une action absurde, mais à une action qui expliquerait la douleur qu'il ressentait.  Il a vu quelqu'un d'autre se blessant le dos. C'est ce transfert sur un autre de ce qu'on ressent soi-même qui est caractéristique de la conscience de rêve.

Nous trouvons ici une première particularité de la vie dans l'astral : une sorte de retournement de la conscience ayant pour conséquence de projeter à l'extérieur un état intérieur ; de faire percevoir comment se trouvent dans le monde qui nous entoure certaines sensations ou certains états que, dans notre conscience de veille, nous percevrions en nous.

Cette première caractéristique de la conscience dans l'astral est fort importante pour nous faire comprendre certains aspects de notre vie intérieure et plus particulièrement de notre vie morale.

C'est cette faculté du corps astral qui nous permet de ressentir la compassion ou la sympathie, au sens primitif et étymologique de ces deux termes, c'est-à-dire exactement de souffrir avec un autre. Lorsque nous souffrons de la douleur qu'un autre éprouve ou que nous nous réjouissons de sa joie, ce n'est évidemment pas le sentiment d'autrui que nous ressentons.  Les sentiments sont incommunicables ; ils restent enfermés en nous et nous sommes incapables de ressentir ceux des autres.  Nous projetons sur autrui le souvenir de sentiments que nous avons ressentis dans des circonstances analogues, ou ceux qui seraient les nôtres si nous nous y trouvions.  Cette tendance à transférer sur autrui nos propres sentiments est la base même de la règle morale qui nous engage à ne pas faire à autrui ce que nous ne voudrions pas qu'on nous fît.

Elle repose sur une faculté de notre corps astral.

Nous pouvons en trouver la preuve dans le fait que les êtres dont l'activité du corps astral est encore peu développée, comme les enfants ou les êtres primitifs, sont souvent incapables de compassion.  Répétons avec le fabuliste que l'enfance est un âge sans pitié.  Des enfants sont parfois cruels, surtout avec des animaux.  Il faut certes les en empêcher ; mais il serait injuste de considérer ces actes de cruauté comme indice certain de méchanceté.  L'enfant est bien souvent incapable de compassion parce que son corps astral n'a pas encore l'activité nécessaire pour lui permettre de projeter hors de lui, de reporter sur d'autres, des sentiments ou même des sensations comme la douleur qu'il n'a pas éprouvée.  L'activité du corps astral n'est pleinement développée que vers quatorze ans ; la puberté est la manifestation de cet entier développement.  Avant cet âge le corps astral est encore embryonnaire, comme le corps physique pendant la gestation. 

Certaines facultés du corps astral manquent à l'enfant ; on ne saurait lui en faire grief.

Si la faculté que nous étudions est une des bases de la moralité, elle peut aussi être la source de beaucoup d'erreurs.

Il n'est personne qui n'ait plus ou moins tendance à rejeter hors de soi ses qualités, ses tendances, ses défauts ou ses goûts.  Souvent nous les attribuons gratuitement aux autres.  Et si nous nous apercevons que nous nous sommes trompés, qu'ils ne sont pas comme nous, nous leur en voulons de notre erreur.  Bien des conflits entre parents et enfants naissent de ce fait.

Plutôt que de chercher en nous les raisons de nos échecs et de nos fautes, nous nous en débarrassons bien souvent en les attribuant généreusement au monde extérieur.  Il n'y a pas que les candidats recalés à un examen qui rendent volontiers responsables de leur insuccès la méchanceté des examinateurs ou cette entité symbolique qu'on charge volontiers de tous ses péchés : la malchance.  Il en est ainsi dans les petits comme dans les grands événements.  Quand on arrive en retard, ce n'est jamais par sa faute, mais bien à cause d'une sorte de malignité des choses ou des gens.

Ce sont souvent nos impuissances et nos incapacités que nous projetons volontiers hors de nous.  Nous voudrions accomplir de grandes choses. Mais nous avons une vague conscience, une conscience de rêve, de notre impuissance à les réaliser.  Au lieu de le reconnaître, nous accuserons les circonstances, notre mode de vie, le manque de temps ou d'argent ... et surtout les autres qui ne nous ont pas soutenus, ou compris, ou qui nous ont contrecarrés !

C'est notre corps astral qui nous permet de nous soulager ainsi ... mais en même temps de nous leurrer.

Cette loi générale de l'inversion du monde intérieur et du monde extérieur est surtout importante lorsque nous nous trouvons en face des réalités et des êtres du monde astral.  Il en est ainsi tout particulièrement après notre mort dans l'existence qui s'écoule entre celle-ci et une nouvelle incarnation.  Rudolf Steiner enseigne que ce retournement constitue l'essentiel des expériences par lesquelles nous passons au cours d'une des périodes qui suivent la mort.  

Ce sont ces expériences que les Hindous dénomment kamaloca et que le christianisme décrit sous le nom de purgatoire.  

Au cours de cette période, nous revivons tous les événements de notre vie, mais inversés ; tout ce qui s'est déroulé dans notre vie intérieure nous paraît étalé hors de nous dans le monde extérieur, tandis que nous ressentons intérieurement les effets de nos actes.  Au cours de notre vie physique, nous avons, dans un accès de colère, frappé quelqu'un ; nous verrons dans le kamaloca notre colère comme un rêve extérieur, une sorte d'animal féroce qui se jette sur nous, et nous ressentirons la douleur du coup que nous avons porté, ainsi que les sentiments de celui qui l'a reçu.

Nous retrouvons ici un phénomène analogue à celui de la compassion. Il est cependant beaucoup plus profond, et le retournement des situations est plus complet.  Cela est dû à ce que, pendant cette période de notre vie post mortem, nous avons perdu notre corps physique et notre corps éthérique.  Nous vivons donc dans l'astral pur et selon ses lois.  

Le retournement peut être complet, ce qui n'est pas possible pendant notre vie incarnée, où les lois de l'astral viennent sans cesse interférer avec les lois contraires du physique et de l'éthérique.  En outre, dans le monde astral, les sentiments ne sont pas cachés en nous comme dans le monde physique.  Ils peuvent être perçus comme nous percevons un objet dans le monde physique.  La projection hors de nous-même de notre vie intérieure peut donc y être complète.

L'observation d'une particularité de la vie de rêve nous a ainsi permis d'atteindre une des lois générales du monde astral : celle du retournement. Un autre exemple de rêve fera ressortir une seconde caractéristique du corps astral.



[1] Ce fait n’a aucun rapport avec la cause, l’origine des maladies.  Une maladie qui atteint surtout les corps éthérique et physique, comme le cancer, par exemple, est presque toujours provoquée par un trouble du corps astral.

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