LES
ORGANES
DE
LA PERCEPTION ÉTHÉRIQUE
Le développement d'organes de perception des réalités
suprasensibles fait l'objet essentiel de l'ouvrage de Rudolf Steiner intitulé L'Initiation[1].
Il n'y a pas lieu d'y revenir ici. On s'efforcera seulement de répondre à une
objection possible. Comment des exercices de pensée, même réchauffés du «
sentiment approprié », pourraient-ils créer des organes de perception ?
Il faut remarquer tout d'abord qu'il s'agit d'organes
éthériques et non d'organes physiques. Or, le corps éthérique est infiniment
plus plastique que le corps physique. Il
serait sans doute impossible de créer par ces moyens un organe nouveau dans le
corps physique. Il n'en est pas de même
du corps éthérique.
En second lieu, il ne s'agit pas d'une création
absolue ex nihilo, ce qui toucherait
au miracle. Ces organes de perception existent chez chacun à l'état de germe.
Il ne s'agit donc que de les développer. L'organe de perception du plan de
construction des êtres vivants, du corps éthérique, est même spontanément actif
chez quelques personnes. Il y a maint village où quelque fille de ferme sait
distinguer les œufs fécondés, qu'il faut mettre sous la poule qui couve, de
ceux qui ne le sont pas. Elle sait aussi trier les graines qui germeront de
celles qui sont mortes ou ne donneront que des plants chétifs.
Ce sont des facultés
dont on ne parle guère, car celui qui en bénéficie préfère en garder les
profits pour lui, et celle qui les possède craint de passer pour sorcière.
Beaucoup d'espèces d'oiseaux possèdent ce même don, car fréquemment la mère qui
couve jette hors du nid, longtemps avant l'éclosion, les œufs non fécondés. Ce
don est l'indice que chez ceux qui le possèdent, l'organe de perception du
corps éthérique est devenu spontanément actif. Chez les êtres humains, et surtout
à notre époque, des troubles physiologiques sont souvent la rançon de ce
développement anormal. Un entraînement méthodique peut produire ce même
développement mais, si la méthode a été judicieusement choisie, il ne produira
pas de troubles.
DE
L'OBSERVATION NAÎT LA VISION
Rudolf Steiner a insisté à plusieurs reprises sur un
point qui peut paraître à première vue insignifiant. Il faut placer devant soi une graine et non pas imaginer une graine.
Pourquoi ? Il y a sans doute plusieurs raisons, mais la principale tient à
la nécessité de se représenter exactement le développement de la plante qui
doit sortir de la graine qu'on a devant soi, et non pas d'une plante
quelconque.
D'une graine imaginée on peut faire sortir une plante imaginaire
par un développement de pure fantaisie. Or, c'est une plante réelle, et c’est
sa croissance, telle qu'elle se développe dans la nature, qu'il faut savoir
suivre et se représenter, et non pas une fantasmagorie. Le plan de construction, le corps éthérique de
chaque espèce de plante possède des particularités ou des qualités qui lui sont
propres. Il faut s'habituer peu à peu à les percevoir. Ces qualités ou
particularités sont en rapport avec certaines forces éthériques auxquelles
chaque espèce est plus particulièrement sensible.
Prenons un exemple. Il n'est pas indifférent de suivre
ou d'imaginer le développement d'un grain de blé ou celui d'un haricot. Le haricot est une plante dicotylédone. Les
deux cotylédons de la graine, aussitôt après la germination, vont être
entraînés hors du sol par la tigelle. Ils
s'écartent et subissent une métamorphose. Ils verdissent en effet, ce qui montre que la
fonction chlorophyllienne s'y exerce. De graine ils se sont transformés en
feuilles.
Au contraire, le grain de blé qui est monocotylédone
reste en terre, vidé de sa substance par la germination. La tige se dresse
rigide, d'un seul élan, en un long tube perpendiculaire au sol. Les feuilles, comme emportées par cet élan,
épousent étroitement la tige, elles l'enserrent, formant d'abord un tube
elles-mêmes. Elles ne la quittent une à une qu'à regret pour faire flotter au
vent leur longue lanière molle.
Tout autre est la tige du haricot. Elle forme des
nœuds et de chacun d'eux partent dans trois directions différentes trois
éléments : une paire de longs pétioles au bout desquels s'épanouissent les
trois lobes de la feuille, et la tige qui continue son développement. Entre chaque nœud la tige est droite; mais à
chacun d'eux elle change légèrement de direction. Chaque élément de la tige,
entre deux nœuds, n'est jamais dans le prolongement exact du précédent. Elle
pousse en zigzags plus ou moins accentués. Elle traînerait à terre si elle ne
rencontrait quelque point d'appui qu'elle ne serre jamais de près, mais
contourne à distance en développant
l'hélice de son serpentin zigzagant. Aux
feuilles il faut toute la force du jour pour qu'elles parviennent à s'étaler
jusqu'à l'horizontale. Dès que le soleil
décline, elles se laissent retomber, détendues, flasques. Si les fleurs se
tendent vers le jour, les gousses en croissants allongés pendent vers la terre.
S'élever paraît être pour toute la
plante un effort si grand qu'elle n'aspire qu'à se laisser retomber au sol.
Dans le blé, par contre, tout, jusqu'à l'épi, s'élance
d'un seul jet vers le soleil.
Les forces de construction qui édifient ces deux
plantes sont, de toute évidence, différentes de nature et opposées en
direction.
Des constatations de cet ordre peuvent mener tous ceux
qui les font jusqu'au seuil du monde suprasensible que la science spirituelle
désigne sous le nom de « monde éthérique ». En effet, constater ces
différences, ressentir ces oppositions, c'est déjà percevoir, au travers de
l'apparence sensible, la complexité de ce monde éthérique et certaines lois qui
le régissent.
Parmi tous les savants qui à l'époque contemporaine se
penchent sur le problème de la vie, le scrutent avec une admirable conscience,
il en est beaucoup qui ont été ainsi amenés par leurs observations jusqu'à ce
seuil du monde éthérique. Ils n'ont pas pu ou pas su le franchir. Il leur manquait une hypothèse de travail et
une méthode. La science spirituelle nous offre l'une et l'autre.
THÉORIE DES FORCES ÉTHÉRIQUES
L'enseignement de la science spirituelle distingue
quatre sortes de forces éthériques : les éthers de chaleur, de lumière, l'éther
chimique et l'éther de vie. Les deux premiers, les éthers de chaleur et de
lumière, sont des forces rayonnantes comme le sont chaleur et lumière
physiques. Comme les gaz, ils cherchent à se détendre dans toutes les
directions. Par rapport à la terre ils sont centrifuges, c’est-à-dire qu’ils
exercent leur force vers l’extérieur.
Tout à l'opposé l'éther de vie est une force de
cohésion à tendance centripète[2] (..qui exerce sa force
vers l’intérieur). L'éther chimique
intermédiaire entre les éthers de chaleur et de lumière d'une part, et l'éther
de vie d'autre part, est une force fluctuante qui, dans la nature, s'élève avec
le jour, rentre dans le sol avec la nuit, mais dont la tendance générale est
nettement centripète.
Il est dès lors facile de voir que, dans les lignes
fusantes du blé, se manifestent les forces centrifuges et rayonnantes de
l'éther de lumière; dans les lignes brisées et retombantes du haricot, dans ses
élans suivis d'hésitations, « ses repentirs et sa lassitude », s'exprime la
nature fluctuante et centripète de 1 'éther chimique.
Il faudrait évidemment être doué d'un génie
d'invention exceptionnel pour être capable de découvrir, en partant
d'observations de ce genre, la théorie des forces éthériques, les
caractéristiques de chacune d'elles, les lois auxquelles elles obéissent. On ne
saurait objecter que les observations décrites sont si banales que si on
pouvait réellement en tirer tant de choses, il y a longtemps que ce serait
fait; Newton a découvert la gravitation universelle en regardant tomber une
pomme. On avait vu tomber bien des pommes depuis que l'humanité existe; il a
fallu attendre le génie de Newton pour qu'on en puisse tirer la loi universelle
qui régit les corps célestes.
Un autre
Newton aurait pu, uniquement par génie humain et sans clairvoyance, découvrir
l'éthérique en observant la croissance des plantes. Il lui aurait fallu seulement posséder ou acquérir l'activité de pensée
suffisante.
C'est cette même activité que nous devons chercher à
développer aujourd'hui pour parvenir à la connaissance des forces éthériques.
Mais notre tâche est bien facilitée et nous n'avons plus besoin de génie -
seulement d'exercices appropriés. Pourquoi cela ? Ces forces ont été perçues
par Rudolf Steiner. Mais ce n'est pas
tout, car d'autres clairvoyants les avaient entrevues avant lui. Il a été capable de les penser et d'exprimer
sa pensée sous une forme accessible à des intelligences modernes.
Or, lorsqu'une notion a été pensée et exprimée,
l'activité nécessaire pour retrouver cette pensée au travers de l'expression
qui en a été donnée est bien moindre que pour arriver à penser un fait observé.
Il ne faut plus, pour comprendre la gravitation universelle, déployer le génie
qu'il a fallu pour la découvrir.
En ce qui concerne les forces éthériques, il faut
employer une plus grande activité que pour assimiler une notion comme la
gravitation universelle. On est quitte envers cette dernière lorsqu'on en a
compris le résultat exprimé en une formule célèbre. Il est inutile de repartir
de l'observation d'une pomme qui tombe et de refaire tous les calculs qui ont
permis à Newton d'établir sa formule. Il n'en est pas de même des forces
éthériques et, en général, de tout l'enseignement de la science spirituelle.
L'important ici, ce n'est pas d'assimiler les résultats obtenus et de les
résumer, de les condenser en formules plus ou moins heureuses ou précises.
L'essentiel est de développer en soi l'activité
intérieure nécessaire pour créer d'abord des façons de penser nouvelles,
puis si possible, des organes de perception. Il est donc utile de refaire les
observations sur lesquelles peut se fonder la connaissance de l'éthérique et de
s'efforcer de les penser méthodiquement.
De telles observations ont donc une
grande importance pour tous ceux qui suivent le chemin qu'indique la science
spirituelle.
Elles permettent tout d'abord de comprendre pourquoi
Rudolf Steiner demande qu'on prenne pour point de départ de la méditation une
graine réelle et non pas une graine imaginaire. L'esprit doit apprendre, par
l'exercice, à suivre dans le visible l'action de forces suprasensibles de
natures diverses. Il ne faut pas imaginer une graine ou une plante abstraite,
mais se rendre apte à saisir la nécessité, la loi du développement de chaque
espèce de plante.
C'est là, dans cette nécessité, qui impose à chaque espèce de
plante son geste de croissance propre, que s'inscrit dans le monde physique la
réalité suprasensible. C'est cette
réalité qu'il faut saisir derrière tous les détails complexes des
manifestations visibles. C'est en
serrant au plus près ces manifestations qu'on peut l'entrevoir et découvrir la
signature de l'esprit.
Pour être fructueuses, ces observations supposent
presque toujours, sauf pour le cas du génie, la connaissance préalable de
l'enseignement de la science spirituelle. Mais elles peuvent conduire à en
vérifier le bien-fondé. Pour avoir plus de poids, cette vérification pourra
être complétée par d'autres observations. Elles pourront être de deux ordres.
Tout d'abord elles permettent de mieux comprendre par
exemple les différences entre la culture du blé et du haricot. Ces différences
ont été établies par pur empirisme. La théorie des forces éthériques permettra
de les comprendre, et au besoin d'y apporter certaines modifications.
En second lieu, la vérification pourra se faire par
rapprochement avec d'autres faits.
LES
FORCES ÉTHÉRIQUES
DANS
L'ANTIQUITÉ
Les Anciens avaient déjà ressenti les oppositions qui
s'inscrivent dans les lignes de croissance de ces végétaux. Dans toutes les
religions antiques, le blé a été représenté comme l'image même des forces
solaires qui agissent dans la nature par l'éther de lumière ; tandis que les
légumineuses étaient considérées comme un des types les plus caractéristiques
des forces lunaires que l'éther chimique fait pénétrer dans le monde sensible.
La connaissance des forces éthériques était beaucoup
plus répandue dans l'Antiquité qu'on ne le croit. Chez les Grecs, elle s'est
exprimée dans la théorie des quatre éléments. Ces éléments des Anciens
n'avaient aucun rapport avec ce que nous entendons en chimie par éléments ou
corps simples.
Les physiciens grecs disent, par exemple, que les quatre
éléments sont partout intimement mélangés ; que la résistance opposée par
l'eau, et qui permet d'y nager ou aux navires de flotter à sa surface, est due
à ce que l'élément « terre» est mélangé à l'eau ; que c'est également à la
présence de cet élément qu'est due la résistance de l'air que nous sentons en
opérant un mouvement rapide.
Les éléments étaient donc pour les Grecs une
qualité de la matière et non la substance elle-même. Ces éléments correspondent
dans certains de leurs aspects aux quatre éthers de la science spirituelle : le
feu à l'éther de chaleur, l'air à l'éther de lumière, l'eau à l'éther chimique,
la terre à l'éther de vie.
Les Chinois n'ont retenu que l'opposition entre les
éthers de chaleur et lumière d'une part, les éthers chimique et de vie d'autre
part, qu'ils considèrent comme éléments mâle et femelle et qu'ils dénomment Yin
et Yang. Ils enseignent que l'union du Yin et du Yang a donné naissance aux dix
mille créatures, donc à tout ce qui vit.
L'occultisme médiéval avait conservé la notion des
forces éthériques. Il caractérisait volontiers chacune d'elles par une saveur.
Jacob Bœhme, qui employait les termes de l'alchimie, distingue encore le doux
ou le sucré correspondant à l'éther de chaleur, l'acide correspondant à l'éther
de lumière, l'amer à l'éther chimique et l'astringent à l'éther de vie. La
saveur constituait pour lui un des éléments permettant de reconnaître « la
signature des choses », autrement dit l'empreinte dans le monde sensible des
forces suprasensibles de construction.
LA
QUALITÉ,
EXPRESSION
DES FORCES ÉTHÉRIQUES
La saveur est une caractéristique permettant de
déceler la prépondérance d'une des forces éthériques. Il est bien évident qu'un
fruit, à mesure qu'il mûrit, passe successivement de l'amer ou de l'astringent
à l'acide et enfin, lorsque la chaleur l'a suffisamment pénétré, au sucré. Les
quatre forces éthériques agissent successivement au cours de la formation du
fruit.
Mais, dans ce cas, elles agissent par le « médium »
des forces physiques de la lumière et de la chaleur. Si l'été n'est pas chaud,
les fruits ne sont pas sucrés. Tout autre est le cas lorsque nous remarquons
que la culture a, en général, pour résultat de rendre les fruits plus charnus
et plus sucrés. Ces qualités acquises par la culture, maintenues et renforcées
par la sélection, nous montrent que le travail humain a été capable de modifier
le plan de construction, le corps éthérique de la plante. Si la culture rend un
fruit plus sucré, c'est donc qu'elle permet à la plante de mieux capter les
forces de l'éther de chaleur, de les lier plus étroitement à son activité
fructifiante.
La culture ne modifie pas le climat ; elle agit
seulement sur le sol. Comment en travaillant le sol peut-on rendre le fruit
capable de mieux saisir l'éther de chaleur ? Ces réflexions nous permettent
d'induire que les éthers rayonnants, s'ils agissent dans une certaine mesure
directement sur le fruit au travers des forces physiques de lumière et de
chaleur, ont une action beaucoup plus profonde sur la plante lorsqu'ils lui
sont transmis par le détour du sol où ils sont captés par les racines.
Ce qui est dit ici des fruits est valable également
pour toutes les modifications acquises par la culture. Les améliorations de
plantes annuelles se transmettent généralement par la graine. Mais elles disparaissent rapidement et la
plante dégénère si elle cesse d'être cultivée ; la plante retourne à l'état
sauvage; souvent elle devient de plus en plus chétive, puis disparaît au bout
de quelques années. Les modifications du
corps éthérique de la plante sont donc bien fonction de la culture.
Il est intéressant de remarquer en outre que les
améliorations obtenues dans la partie comestible ou ornementale de la plante
cultivée ont généralement pour contrepartie la disparition d'autres caractères
de la plante sauvage. Ainsi lorsqu'une espèce de chardon a été transformée en
artichaut, il a perdu en grande partie le caractère épineux de la plante
sauvage. De même les rejets de
citronnier portent de longues épines, ce qui laisse supposer qu'à l'origine le
citronnier était un arbrisseau épineux. Les
forces qui faisaient pousser les épines paraissent avoir été métamorphosées en
une activité accrue de floraison et de fructification. La culture, conduite de façon judicieuse, a
donc pour conséquence de produire des mutations dans l'activité éthérique de la
plante.
Ces mutations sont le résultat d'un certain état du sol permettant aux
forces éthériques libres, agissant dans la nature, d'être captées par les
racines, assimilées par la plante et dirigées vers certaines parties de
l'organisme végétal.
Ces dernières observations nous permettent d'entrevoir
que l'étude des forces éthériques peut conduire à une conception tout à fait
nouvelle de la physiologie végétale. Elle
a également des applications importantes dans la méthode biodynamique en
agriculture.
Nous n'avons pu donner, bien entendu, que quelques
exemples très simples des observations qu'on peut faire en ce domaine. Elles ne sauraient servir à elles seules à
justifier entièrement une conception aussi vaste et complexe que la théorie des
forces éthériques. Mais elles peuvent, et c'est le but que nous poursuivons, permettre de
bien caractériser la voie de connaissance que nous cherchons à suivre.
LA
THÉORIE DES FORCES ÉTHÉRIQUES
APPLIQUÉE EN PRATIQUE
Nous ne pouvons évidemment qu'indiquer rapidement,
énumérer plutôt, les applications pratiques tirées de l'enseignement relatif
aux forces éthériques. Ce serait sortir du plan de ce livre que de les exposer
plus longuement. Elles le mériteraient sans doute. Mais, pour le dessein que nous poursuivons,
ces applications ne nous intéressent qu'à un seul point de vue : elles
confirment l'exactitude de l'enseignement donné. En effet, lorsqu'une notion,
quelle qu'elle soit, peut être l'objet d'applications pratiques, et que les
faits ainsi provoqués sont conformes à la théorie proposée, on admet qu'il y a
preuve acquise en faveur de cette théorie. Il en est ainsi en ce qui concerne
les forces éthériques.
Au cours de notre exposé, nous avons plusieurs fois
fait allusion à l'intérêt que peut présenter la connaissance des forces vitales
pour l'agriculture. C'est toute une
méthode agricole que Rudolf Steiner a pu créer. Elle est connue sous le nom de « méthode
biodynamique[3]
». Dès 1939, soixante-dix mille hectares
environ étaient cultivés d'après cette méthode en Suisse, en Hollande, en
Allemagne, en Pologne, en Angleterre et aux États-Unis.
Connaître les forces éthériques ou forces vitales est
aussi d'une importance capitale pour les médecins. Rudolf Steiner a donné des indications
importantes en médecine. De nombreux
travaux ont été repris d'après ces directives, notamment pour la détection du
cancer à ses débuts et pour sa thérapeutique.
Des expériences de laboratoire ont pu être faites
également pour étudier certains effets des forces éthériques. Parmi les plus
importantes, il y a lieu de citer celles ayant pour but de rendre visible le
pouvoir qu'ont les sons de créer des formes. On retrouve, en effet, dans
presque tous les pays, des légendes qui illustrent le pouvoir magique de la
musique ou de la parole. En jouant d'un
instrument, par incantation, ou en prononçant certains mots, des magiciens ou
des dieux peuvent créer ou détruire. D'après
les traditions sacrées de l'Inde ou de l'Égypte, les dieux primordiaux créèrent
l'univers par la parole, par le verbe. L'Évangile
selon saint Jean nous le confirme. Cette tradition est trop universelle pour ne
pas reposer sur un fait réel.
Rudolf Steiner avait indiqué que l'éther chimique, au
sein duquel se produisent tous les phénomènes sonores, est l'agent le plus
actif d'édification des formes. L'expérimentation
a montré que les vibrations acoustiques créent des formes dans les flammes. Ces
formes se modifient beaucoup trop vite pour être perçues directement par l'œil.
Mais, par un dispositif optique qui a été inventé à cet effet, on peut les
observer. On s'aperçoit alors que chaque
note de la gamme, chaque voyelle ou chaque consonne, produit au sein d'une
flamme une forme qui lui est propre. Ces formes ont une structure plus ou moins
riche, des contours plus ou moins précis ou arrêtés suivant la qualité du
timbre, ou la musicalité du son émis.
On
peut donc apprécier, grâce à ce dispositif, la qualité d'un instrument, d'une
voix ou d'un exécutant. Tout ceci est certes fort loin des miracles légendaires,
mais prouve néanmoins que les forces éthériques du son peuvent être créatrices
de formes, ainsi que l'avait déclaré Rudolf Steiner.
Des expériences également fort importantes ont pu être
faites en utilisant le phénomène de la cristallisation. La construction
régulière, géométrique des cristaux est édifiée par les forces éthériques. Un
cristal n'est cependant pas un être vivant. Il n'a pas de corps vital.
Aussi les forces éthériques agissent-elles
selon des modes fort différents selon qu'elles édifient un cristal ou qu'elles
assurent le développement d'un être vivant. Lorsqu'on observe au microscope
comment se construit un cristal, on voit se former çà et là dans l'eau-mère des
particules cristallines qui tout à coup se déplacent et viennent s'agréger les
unes aux autres. Elles s'accolent selon
les lignes géométriques qui forment le plan du cristal. Tout se passe comme si
un être invisible se livrait à un jeu de construction, saisissant chaque
particule pour la placer à un point exactement déterminé.
Les forces d'édification, qui sont des forces
éthériques, agissent donc de l'extérieur vers l'intérieur du cristal. Elles ne
sont pas dans le cristal, mais autour de lui.
Dans les êtres vivants, c'est l'inverse qui se produit.
Tous les animaux et l'homme même se développent à partir d'une seule, d'une
unique cellule, un ovule fécondé. Cette
cellule grossit et, sitôt qu'elle a atteint une certaine taille, se divise en
deux. Ces deux cellules grossissent et se subdivisent à leur tour ; puis de
quatre elles deviennent huit et ainsi de suite. L'animal se développe de l'intérieur vers
l'extérieur.
Les forces de construction
sont, en effet, incarnées dans l'animal, constituées et individualisées en
corps éthérique. Elles agissent donc bien de l'intérieur de l'organisme.
On ne saurait modifier les forces éthériques incarnées
dans l'animal; on détruirait l'organisme qu'elles édifient. On peut atteindre
plus facilement celles qui flottent autour du cristal en formation. Or, elles
passent par un moment critique, un instant de demi-liberté; c'est le moment où
une substance dissoute dans l'eau-mère, donc sans forme, va tout à coup
commencer à prendre forme.
Quelque chose d'invisible va apparaître : le plan de
construction du cristal, qui n'était qu'en puissance tant que la substance
était dissoute, devient manifesté. C'est à ce passage de l'état sans forme à
l'état de forme, qu'on peut essayer de saisir les forces éthériques. Il serait
sans doute difficile de modifier le plan de construction des cristaux ; chaque
substance cristallise, en effet, d'après un système de lignes rigoureusement
fixé.
Mais il se produit quelque chose d'autre pendant ce moment critique : il
est rare qu'un seul cristal apparaisse dans l'eau-mère; il y en a presque
toujours plusieurs, souvent de nombreux. Ils paraissent groupés un peu au hasard, sans
plan défini.
Ainsi, lorsqu'on fait
cristalliser un peu de sulfate de cuivre, le fond du cristallisoir se tapisse
de très petits cristaux allongés, en aiguille, disséminés en désordre. C'est
sur cet agencement de cristaux qu'on s'est efforcé d'agir en obligeant les
forces éthériques à les répartir d'après un plan.
On y parvient en mélangeant à
la solution de sulfate de cuivre quelques gouttes d'une autre substance chargée
elle aussi de forces éthériques. Les cristaux vont alors se grouper et dessiner
des formes qui diffèrent selon la substance introduite dans la solution.
Mélange-t-on ainsi au sulfate de cuivre, dans des
conditions que nous n'avons pas à décrire ici, une goutte de suc d'une plante
ou de sang d'un animal ou d'un homme, on verra apparaître toute une série de
formes. Chacun des cristaux reste bien fidèle au système de cristallisation du
sulfate de cuivre ; c'est leur répartition qui est modifiée. Au lieu d'être disséminés en désordre, ils
sont maintenant groupés selon des lignes définies. Chaque espèce de plante,
chaque race animale, chaque homme donnera ainsi une sorte d'image propre à
l'espèce, à la race, à l'individu. Toutes
les plantes d'une même espèce, tous les animaux d'une même race donneront une
image à peu près semblable. Pour les hommes, les formes sont beaucoup plus
différentes d'un individu à l'autre, bien qu'elles aient toutes une sorte de parenté
humaine. Chez l'homme, l'influence de la race cède le pas à celle de la
personnalité.
Le corps éthérique est aussi corps vital. Si la
vitalité est diminuée parce que l'être, que ce soit plante, animal ou homme,
est malade, le fait apparaît nettement dans la cristallisation. Au lieu de
formes équilibrées, continues, précises, des irrégularités, des brisures, des
trous viennent hacher les lignes.
Le fait apparaît clairement dès qu'on a vu
quelques cristallisations. Mais toutes les maladies n'attaquent pas les forces
vitales de la même façon. Les images du
sang diffèrent donc d'après la nature de l'affection dont le malade est
atteint. La cristallisation permet de
porter un diagnostic. Mais pour le lire correctement il faut une grande
habitude ; c'est affaire de spécialiste[4].
Ces expériences et bien d'autres encore nous
permettent de suivre clairement l'action des forces éthériques et de voir que
cette action est conforme aux indications données par Rudolf Steiner. La preuve de leur existence peut donc être
considérée comme faite, et cela selon les exigences des méthodes scientifiques.
Ces expériences ont été poursuivies
depuis plus de vingt ans dans les laboratoires du Gœthéanum (Suisse) qu'a
fondés le Dr E. Pfeiffer, et reprises par plusieurs médecins d'Europe et
d'Amérique. C'est également dans les laboratoires
du Gœthéanum qu'ont été réalisées par M. Schiller les expériences sur la sensibilité
de la flamme au son, dont nous parlions plus haut.
***
LA
PULSATION UNIVERSELLE
Les indications qui viennent d'être données sont loin
d'épuiser tout l'enseignement de la science spirituelle sur les forces
éthériques. Nous nous sommes attachés uniquement à l'un de leurs aspects, celui
des forces vitales.
Nous avons fait allusion à plusieurs reprises à des forces
éthériques « libres ». Il faut entendre
par là celles qui ne sont pas organisées et individualisées en un corps
éthérique. Ces forces libres forment un monde aussi vaste et aussi complexe que
le règne minéral. Étant donné le dessein
essentiel que nous poursuivons, l'étude de ce monde sort de notre sujet. On ne
saurait cependant se dispenser de donner quelques brèves indications à cet
égard.
Nous avons déjà vu que la matière minérale est
immuable, que son caractère essentiel est l'inertie, tandis que l'éthérique se
manifeste par des transformations, des métamorphoses continuelles, un mouvement
incessant.
Ce mouvement n'est d' ailleurs pas une agitation désordonnée, mais
un rythme régulier, un battement, une pulsation. Dans notre organisme, le flux sanguin,
l'inspiration et l'expiration pulmonaires nous donnent un exemple précis de
l'activité des forces vitales.
Dans l'univers, les forces éthériques présentent le
même caractère. Chaque fois que nous constatons dans la nature l'existence d'un
phénomène qui se reproduit rythmiquement, nous pouvons en inférer qu'une
activité éthérique vient mouvoir la matière.
Il en est ainsi, quel que soit
l'ordre de grandeur des phénomènes, des plus vastes aux plus infimes. La
circulation des astres, la succession des saisons, l'alternance du jour et de
la nuit nous montrent les forces éthériques à l'œuvre, tout aussi bien que la
poussée des plantes se développant à une date précise, toujours la même pour
tous les sujets de la même espèce.
C'est sous cette influence que les embryons
animaux et humains passent par une suite d'états de forme qui se succèdent à
des périodes précises, et que tous les enfants sourient, marchent, parlent,
perdent leurs dents de lait à peu près au même âge. Si les dents de sagesse
apparaissent d'une façon plus irrégulière, et assez souvent ne poussent même
pas, c'est qu'en l'état actuel de notre civilisation le corps éthérique est
déjà bien abîmé lorsqu'on a vingt ans !
Ainsi, au travers du monde éthérique, l'aspir et le
respir cosmiques viennent agiter la matière en lui communiquant l'élan
rythmique des grandes pulsations universelles. Si cet univers est un être vivant, on peut
dire que son cœur bat dans le monde éthérique.
***
Nous avons suivi, dans les pages qui précèdent, la
voie par laquelle tout esprit qui s'y applique sans idées préconçues, peut
parvenir à certaines notions sur les forces éthériques.
Nous sommes partis d'observations que chacun
peut faire, mais qui nous permettent de pressentir au travers du monde visible
l'action des forces suprasensibles.
Nous
avons vu que pour parvenir à la connaissance de ces forces il est nécessaire de
développer, en même temps que l'observation, une activité intérieure plus
intense que ne l'exige la pensée habituelle. Il faut, en effet, d'une part
diriger l'observation vers certains aspects, généralement négligés, des
phénomènes ; d'autre part entraîner notre pensée à saisir des forces de vie
toujours mouvantes dont les lois et le comportement sont différents de ceux qui
régissent les phénomènes du monde physique.
Cette activité intérieure peut être qualifiée
de pensée vivante, parce qu'elle est adaptée aux phénomènes de la vie. Elle constitue un premier pas dans le
développement intérieur que propose la science spirituelle. Le travail destiné à l'acquisition de cette faculté
doit donc être accompli par tous ceux qui suivent cette voie
On pourrait, par les moyens qui viennent d'être
décrits, parvenir à une certaine connaissance des forces éthériques ; mais on
ne parviendrait pas encore à les percevoir. Il faudrait pour cela éveiller les
organes d'un sens nouveau. Ce serait une des formes de la clairvoyance.
Ainsi que nous l'avons indiqué, cette question
sort du cadre de cet ouvrage. Indiquons seulement que, pour y parvenir
normalement, il serait nécessaire d'exercer encore d'autres facultés. C'est
l'être humain tout entier qui doit être développé. Les forces de l'âme et
celles de l'esprit doivent être renforcées parallèlement à celles du corps
éthérique et de la pensée. Ceci exige d'autres connaissances et d'autres
méthodes. Nous aurons l'occasion de les indiquer au cours des chapitres
suivants.
[1] L’Initiation ou Comment acquérir des
connaissances des mondes supérieurs ? Paris, Triades.
[2] Voir : Guenther Waschmut, Le Monde Éthérique.
[3] Voir E. Pfeiffer : Fécondité de la Terre et Guide pratique pour l’application de la
méthode biodynamique (épuisé), ainsi que
Visage de la Terre. »- Triades.
[4] Ces expériences ont été poursuivies depuis
plus de vingt ans dans les laboratoires du Goethéanum (Suisse) qu’a fondés le
Dr E. Pfeiffer et reprises par plusieurs médecins d’Europe et d’Amérique. C’est également dans les laboratoires du
Goethéanum qu’ont été réalisées par m. Schiller les expériences sur la
sensibilité de la flamme au son, dont nous parlons plus haut.