jeudi 30 avril 2020

QUATRIÈME PARTIE DU LIVRE : UN CHEMIN VERS L'ESPRIT


LES ORGANES
DE LA PERCEPTION ÉTHÉRIQUE

Le développement d'organes de perception des réalités suprasensibles fait l'objet essentiel de l'ouvrage de Rudolf Steiner intitulé L'Initiation[1]. Il n'y a pas lieu d'y revenir ici. On s'efforcera seulement de répondre à une objection possible. Comment des exercices de pensée, même réchauffés du « sentiment approprié », pourraient-ils créer des organes de perception ?

Il faut remarquer tout d'abord qu'il s'agit d'organes éthériques et non d'organes physiques. Or, le corps éthérique est infiniment plus plastique que le corps physique.  Il serait sans doute impossible de créer par ces moyens un organe nouveau dans le corps physique.  Il n'en est pas de même du corps éthérique.

En second lieu, il ne s'agit pas d'une création absolue ex nihilo, ce qui toucherait au miracle. Ces organes de perception existent chez chacun à l'état de germe. Il ne s'agit donc que de les développer. L'organe de perception du plan de construction des êtres vivants, du corps éthérique, est même spontanément actif chez quelques personnes. Il y a maint village où quelque fille de ferme sait distinguer les œufs fécondés, qu'il faut mettre sous la poule qui couve, de ceux qui ne le sont pas. Elle sait aussi trier les graines qui germeront de celles qui sont mortes ou ne donneront que des plants chétifs. 

Ce sont des facultés dont on ne parle guère, car celui qui en bénéficie préfère en garder les profits pour lui, et celle qui les possède craint de passer pour sorcière. Beaucoup d'espèces d'oiseaux possèdent ce même don, car fréquemment la mère qui couve jette hors du nid, longtemps avant l'éclosion, les œufs non fécondés. Ce don est l'indice que chez ceux qui le possèdent, l'organe de perception du corps éthérique est devenu spontanément actif. Chez les êtres humains, et surtout à notre époque, des troubles physiologiques sont souvent la rançon de ce développement anormal. Un entraînement méthodique peut produire ce même développement mais, si la méthode a été judicieusement choisie, il ne produira pas de troubles.

DE L'OBSERVATION NAÎT LA VISION

Rudolf Steiner a insisté à plusieurs reprises sur un point qui peut paraître à première vue insignifiant. Il faut placer devant soi une graine et non pas imaginer une graine. Pourquoi ? Il y a sans doute plusieurs raisons, mais la principale tient à la nécessité de se représenter exactement le développement de la plante qui doit sortir de la graine qu'on a devant soi, et non pas d'une plante quelconque. 

D'une graine imaginée on peut faire sortir une plante imaginaire par un développement de pure fantaisie. Or, c'est une plante réelle, et c’est sa croissance, telle qu'elle se développe dans la nature, qu'il faut savoir suivre et se représenter, et non pas une fantasmagorie.  Le plan de construction, le corps éthérique de chaque espèce de plante possède des particularités ou des qualités qui lui sont propres. Il faut s'habituer peu à peu à les percevoir. Ces qualités ou particularités sont en rapport avec certaines forces éthériques auxquelles chaque espèce est plus particulièrement sensible.

Prenons un exemple. Il n'est pas indifférent de suivre ou d'imaginer le développement d'un grain de blé ou celui d'un haricot.  Le haricot est une plante dicotylédone. Les deux cotylédons de la graine, aussitôt après la germination, vont être entraînés hors du sol par la tigelle.  Ils s'écartent et subissent une métamorphose.  Ils verdissent en effet, ce qui montre que la fonction chlorophyllienne s'y exerce. De graine ils se sont transformés en feuilles.

Au contraire, le grain de blé qui est monocotylédone reste en terre, vidé de sa substance par la germination. La tige se dresse rigide, d'un seul élan, en un long tube perpendiculaire au sol.  Les feuilles, comme emportées par cet élan, épousent étroitement la tige, elles l'enserrent, formant d'abord un tube elles-mêmes. Elles ne la quittent une à une qu'à regret pour faire flotter au vent leur longue lanière molle.

Tout autre est la tige du haricot. Elle forme des nœuds et de chacun d'eux partent dans trois directions différentes trois éléments : une paire de longs pétioles au bout desquels s'épanouissent les trois lobes de la feuille, et la tige qui continue son développement.  Entre chaque nœud la tige est droite; mais à chacun d'eux elle change légèrement de direction. Chaque élément de la tige, entre deux nœuds, n'est jamais dans le prolongement exact du précédent. Elle pousse en zigzags plus ou moins accentués. Elle traînerait à terre si elle ne rencontrait quelque point d'appui qu'elle ne serre jamais de près, mais contourne à distance en  développant l'hélice de son serpentin zigzagant.  Aux feuilles il faut toute la force du jour pour qu'elles parviennent à s'étaler jusqu'à l'horizontale.  Dès que le soleil décline, elles se laissent retomber, détendues, flasques. Si les fleurs se tendent vers le jour, les gousses en croissants allongés pendent vers la terre.  S'élever paraît être pour toute la plante un effort si grand qu'elle n'aspire qu'à se laisser retomber au sol.

Dans le blé, par contre, tout, jusqu'à l'épi, s'élance d'un seul jet vers le soleil.
Les forces de construction qui édifient ces deux plantes sont, de toute évidence, différentes de nature et opposées en direction.

Des constatations de cet ordre peuvent mener tous ceux qui les font jusqu'au seuil du monde suprasensible que la science spirituelle désigne sous le nom de « monde éthérique ». En effet, constater ces différences, ressentir ces oppositions, c'est déjà percevoir, au travers de l'apparence sensible, la complexité de ce monde éthérique et certaines lois qui le régissent.

Parmi tous les savants qui à l'époque contemporaine se penchent sur le problème de la vie, le scrutent avec une admirable conscience, il en est beaucoup qui ont été ainsi amenés par leurs observations jusqu'à ce seuil du monde éthérique. Ils n'ont pas pu ou pas su le franchir.  Il leur manquait une hypothèse de travail et une méthode. La science spirituelle nous offre l'une et l'autre.

THÉORIE DES FORCES ÉTHÉRIQUES

L'enseignement de la science spirituelle distingue quatre sortes de forces éthériques : les éthers de chaleur, de lumière, l'éther chimique et l'éther de vie. Les deux premiers, les éthers de chaleur et de lumière, sont des forces rayonnantes comme le sont chaleur et lumière physiques. Comme les gaz, ils cherchent à se détendre dans toutes les directions. Par rapport à la terre ils sont centrifuges, c’est-à-dire qu’ils exercent leur force vers l’extérieur.
Tout à l'opposé l'éther de vie est une force de cohésion à tendance centripète[2] (..qui exerce sa force vers l’intérieur).  L'éther chimique intermédiaire entre les éthers de chaleur et de lumière d'une part, et l'éther de vie d'autre part, est une force fluctuante qui, dans la nature, s'élève avec le jour, rentre dans le sol avec la nuit, mais dont la tendance générale est nettement centripète.

Il est dès lors facile de voir que, dans les lignes fusantes du blé, se manifestent les forces centrifuges et rayonnantes de l'éther de lumière; dans les lignes brisées et retombantes du haricot, dans ses élans suivis d'hésitations, « ses repentirs et sa lassitude », s'exprime la nature fluctuante et centripète de 1 'éther chimique.

Il faudrait évidemment être doué d'un génie d'invention exceptionnel pour être capable de découvrir, en partant d'observations de ce genre, la théorie des forces éthériques, les caractéristiques de chacune d'elles, les lois auxquelles elles obéissent. On ne saurait objecter que les observations décrites sont si banales que si on pouvait réellement en tirer tant de choses, il y a longtemps que ce serait fait; Newton a découvert la gravitation universelle en regardant tomber une pomme. On avait vu tomber bien des pommes depuis que l'humanité existe; il a fallu attendre le génie de Newton pour qu'on en puisse tirer la loi universelle qui régit les corps célestes. 

Un autre Newton aurait pu, uniquement par génie humain et sans clairvoyance, découvrir l'éthérique en observant la croissance des plantes. Il lui aurait fallu seulement posséder ou acquérir l'activité de pensée suffisante

C'est cette même activité que nous devons chercher à développer aujourd'hui pour parvenir à la connaissance des forces éthériques. Mais notre tâche est bien facilitée et nous n'avons plus besoin de génie - seulement d'exercices appropriés. Pourquoi cela ? Ces forces ont été perçues par Rudolf Steiner.  Mais ce n'est pas tout, car d'autres clairvoyants les avaient entrevues avant lui.  Il a été capable de les penser et d'exprimer sa pensée sous une forme accessible à des intelligences modernes.

Or, lorsqu'une notion a été pensée et exprimée, l'activité nécessaire pour retrouver cette pensée au travers de l'expression qui en a été donnée est bien moindre que pour arriver à penser un fait observé. Il ne faut plus, pour comprendre la gravitation universelle, déployer le génie qu'il a fallu pour la découvrir.

En ce qui concerne les forces éthériques, il faut employer une plus grande activité que pour assimiler une notion comme la gravitation universelle. On est quitte envers cette dernière lorsqu'on en a compris le résultat exprimé en une formule célèbre. Il est inutile de repartir de l'observation d'une pomme qui tombe et de refaire tous les calculs qui ont permis à Newton d'établir sa formule. Il n'en est pas de même des forces éthériques et, en général, de tout l'enseignement de la science spirituelle. 

L'important ici, ce n'est pas d'assimiler les résultats obtenus et de les résumer, de les condenser en formules plus ou moins heureuses ou précises. L'essentiel est de développer en soi l'activité intérieure nécessaire pour créer d'abord des façons de penser nouvelles, puis si possible, des organes de perception. Il est donc utile de refaire les observations sur lesquelles peut se fonder la connaissance de l'éthérique et de s'efforcer de les penser méthodiquement. 

De telles observations ont donc une grande importance pour tous ceux qui suivent le chemin qu'indique la science spirituelle.
Elles permettent tout d'abord de comprendre pourquoi Rudolf Steiner demande qu'on prenne pour point de départ de la méditation une graine réelle et non pas une graine imaginaire. L'esprit doit apprendre, par l'exercice, à suivre dans le visible l'action de forces suprasensibles de natures diverses. Il ne faut pas imaginer une graine ou une plante abstraite, mais se rendre apte à saisir la nécessité, la loi du développement de chaque espèce de plante. 

C'est là, dans cette nécessité, qui impose à chaque espèce de plante son geste de croissance propre, que s'inscrit dans le monde physique la réalité suprasensible.  C'est cette réalité qu'il faut saisir derrière tous les détails complexes des manifestations visibles.  C'est en serrant au plus près ces manifestations qu'on peut l'entrevoir et découvrir la signature de l'esprit.

Pour être fructueuses, ces observations supposent presque toujours, sauf pour le cas du génie, la connaissance préalable de l'enseignement de la science spirituelle. Mais elles peuvent conduire à en vérifier le bien-fondé. Pour avoir plus de poids, cette vérification pourra être complétée par d'autres observations. Elles pourront être de deux ordres.

Tout d'abord elles permettent de mieux comprendre par exemple les différences entre la culture du blé et du haricot. Ces différences ont été établies par pur empirisme. La théorie des forces éthériques permettra de les comprendre, et au besoin d'y apporter certaines modifications.
En second lieu, la vérification pourra se faire par rapprochement avec d'autres faits.

LES FORCES ÉTHÉRIQUES
DANS L'ANTIQUITÉ

Les Anciens avaient déjà ressenti les oppositions qui s'inscrivent dans les lignes de croissance de ces végétaux. Dans toutes les religions antiques, le blé a été représenté comme l'image même des forces solaires qui agissent dans la nature par l'éther de lumière ; tandis que les légumineuses étaient considérées comme un des types les plus caractéristiques des forces lunaires que l'éther chimique fait pénétrer dans le monde sensible.

La connaissance des forces éthériques était beaucoup plus répandue dans l'Antiquité qu'on ne le croit. Chez les Grecs, elle s'est exprimée dans la théorie des quatre éléments. Ces éléments des Anciens n'avaient aucun rapport avec ce que nous entendons en chimie par éléments ou corps simples. 

Les physiciens grecs disent, par exemple, que les quatre éléments sont partout intimement mélangés ; que la résistance opposée par l'eau, et qui permet d'y nager ou aux navires de flotter à sa surface, est due à ce que l'élément « terre» est mélangé à l'eau ; que c'est également à la présence de cet élément qu'est due la résistance de l'air que nous sentons en opérant un mouvement rapide. 

Les éléments étaient donc pour les Grecs une qualité de la matière et non la substance elle-même. Ces éléments correspondent dans certains de leurs aspects aux quatre éthers de la science spirituelle : le feu à l'éther de chaleur, l'air à l'éther de lumière, l'eau à l'éther chimique, la terre à l'éther de vie.
Les Chinois n'ont retenu que l'opposition entre les éthers de chaleur et lumière d'une part, les éthers chimique et de vie d'autre part, qu'ils considèrent comme éléments mâle et femelle et qu'ils dénomment Yin et Yang. Ils enseignent que l'union du Yin et du Yang a donné naissance aux dix mille créatures, donc à tout ce qui vit.

L'occultisme médiéval avait conservé la notion des forces éthériques. Il caractérisait volontiers chacune d'elles par une saveur. Jacob Bœhme, qui employait les termes de l'alchimie, distingue encore le doux ou le sucré correspondant à l'éther de chaleur, l'acide correspondant à l'éther de lumière, l'amer à l'éther chimique et l'astringent à l'éther de vie. La saveur constituait pour lui un des éléments permettant de reconnaître « la signature des choses », autrement dit l'empreinte dans le monde sensible des forces suprasensibles de construction.

LA QUALITÉ,
EXPRESSION DES FORCES ÉTHÉRIQUES

La saveur est une caractéristique permettant de déceler la prépondérance d'une des forces éthériques. Il est bien évident qu'un fruit, à mesure qu'il mûrit, passe successivement de l'amer ou de l'astringent à l'acide et enfin, lorsque la chaleur l'a suffisamment pénétré, au sucré. Les quatre forces éthériques agissent successivement au cours de la formation du fruit.

Mais, dans ce cas, elles agissent par le « médium » des forces physiques de la lumière et de la chaleur. Si l'été n'est pas chaud, les fruits ne sont pas sucrés. Tout autre est le cas lorsque nous remarquons que la culture a, en général, pour résultat de rendre les fruits plus charnus et plus sucrés. Ces qualités acquises par la culture, maintenues et renforcées par la sélection, nous montrent que le travail humain a été capable de modifier le plan de construction, le corps éthérique de la plante. Si la culture rend un fruit plus sucré, c'est donc qu'elle permet à la plante de mieux capter les forces de l'éther de chaleur, de les lier plus étroitement à son activité fructifiante.

La culture ne modifie pas le climat ; elle agit seulement sur le sol. Comment en travaillant le sol peut-on rendre le fruit capable de mieux saisir l'éther de chaleur ? Ces réflexions nous permettent d'induire que les éthers rayonnants, s'ils agissent dans une certaine mesure directement sur le fruit au travers des forces physiques de lumière et de chaleur, ont une action beaucoup plus profonde sur la plante lorsqu'ils lui sont transmis par le détour du sol où ils sont captés par les racines.

Ce qui est dit ici des fruits est valable également pour toutes les modifications acquises par la culture. Les améliorations de plantes annuelles se transmettent généralement par la graine.  Mais elles disparaissent rapidement et la plante dégénère si elle cesse d'être cultivée ; la plante retourne à l'état sauvage; souvent elle devient de plus en plus chétive, puis disparaît au bout de quelques années.  Les modifications du corps éthérique de la plante sont donc bien fonction de la culture.

Il est intéressant de remarquer en outre que les améliorations obtenues dans la partie comestible ou ornementale de la plante cultivée ont généralement pour contrepartie la disparition d'autres caractères de la plante sauvage. Ainsi lorsqu'une espèce de chardon a été transformée en artichaut, il a perdu en grande partie le caractère épineux de la plante sauvage.  De même les rejets de citronnier portent de longues épines, ce qui laisse supposer qu'à l'origine le citronnier était un arbrisseau épineux.  Les forces qui faisaient pousser les épines paraissent avoir été métamorphosées en une activité accrue de floraison et de fructification.  La culture, conduite de façon judicieuse, a donc pour conséquence de produire des mutations dans l'activité éthérique de la plante. 

Ces mutations sont le résultat d'un certain état du sol permettant aux forces éthériques libres, agissant dans la nature, d'être captées par les racines, assimilées par la plante et dirigées vers certaines parties de l'organisme végétal.

Ces dernières observations nous permettent d'entrevoir que l'étude des forces éthériques peut conduire à une conception tout à fait nouvelle de la physiologie végétale.  Elle a également des applications importantes dans la méthode biodynamique en agriculture.

Nous n'avons pu donner, bien entendu, que quelques exemples très simples des observations qu'on peut faire en ce domaine.  Elles ne sauraient servir à elles seules à justifier entièrement une conception aussi vaste et complexe que la théorie des forces éthériques. Mais elles peuvent, et c'est le but que nous poursuivons, permettre de bien caractériser la voie de connaissance que nous cherchons à suivre.


LA THÉORIE DES FORCES ÉTHÉRIQUES
APPLIQUÉE EN PRATIQUE

Nous ne pouvons évidemment qu'indiquer rapidement, énumérer plutôt, les applications pratiques tirées de l'enseignement relatif aux forces éthériques. Ce serait sortir du plan de ce livre que de les exposer plus longuement. Elles le mériteraient sans doute.  Mais, pour le dessein que nous poursuivons, ces applications ne nous intéressent qu'à un seul point de vue : elles confirment l'exactitude de l'enseignement donné. En effet, lorsqu'une notion, quelle qu'elle soit, peut être l'objet d'applications pratiques, et que les faits ainsi provoqués sont conformes à la théorie proposée, on admet qu'il y a preuve acquise en faveur de cette théorie. Il en est ainsi en ce qui concerne les forces éthériques.

Au cours de notre exposé, nous avons plusieurs fois fait allusion à l'intérêt que peut présenter la connaissance des forces vitales pour l'agriculture.  C'est toute une méthode agricole que Rudolf Steiner a pu créer.  Elle est connue sous le nom de « méthode biodynamique[3] ».  Dès 1939, soixante-dix mille hectares environ étaient cultivés d'après cette méthode en Suisse, en Hollande, en Allemagne, en Pologne, en Angleterre et aux États-Unis.
Connaître les forces éthériques ou forces vitales est aussi d'une importance capitale pour les médecins.  Rudolf Steiner a donné des indications importantes en médecine.  De nombreux travaux ont été repris d'après ces directives, notamment pour la détection du cancer à ses débuts et pour sa thérapeutique.

Des expériences de laboratoire ont pu être faites également pour étudier certains effets des forces éthériques. Parmi les plus importantes, il y a lieu de citer celles ayant pour but de rendre visible le pouvoir qu'ont les sons de créer des formes. On retrouve, en effet, dans presque tous les pays, des légendes qui illustrent le pouvoir magique de la musique ou de la parole.  En jouant d'un instrument, par incantation, ou en prononçant certains mots, des magiciens ou des dieux peuvent créer ou détruire.  D'après les traditions sacrées de l'Inde ou de l'Égypte, les dieux primordiaux créèrent l'univers par la parole, par le verbe.  L'Évangile selon saint Jean nous le confirme. Cette tradition est trop universelle pour ne pas reposer sur un fait réel.

Rudolf Steiner avait indiqué que l'éther chimique, au sein duquel se produisent tous les phénomènes sonores, est l'agent le plus actif d'édification des formes.  L'expérimentation a montré que les vibrations acoustiques créent des formes dans les flammes. Ces formes se modifient beaucoup trop vite pour être perçues directement par l'œil. Mais, par un dispositif optique qui a été inventé à cet effet, on peut les observer.  On s'aperçoit alors que chaque note de la gamme, chaque voyelle ou chaque consonne, produit au sein d'une flamme une forme qui lui est propre. Ces formes ont une structure plus ou moins riche, des contours plus ou moins précis ou arrêtés suivant la qualité du timbre, ou la musicalité du son émis.  

On peut donc apprécier, grâce à ce dispositif, la qualité d'un instrument, d'une voix ou d'un exécutant. Tout ceci est certes fort loin des miracles légendaires, mais prouve néanmoins que les forces éthériques du son peuvent être créatrices de formes, ainsi que l'avait déclaré Rudolf Steiner.

Des expériences également fort importantes ont pu être faites en utilisant le phénomène de la cristallisation. La construction régulière, géométrique des cristaux est édifiée par les forces éthériques. Un cristal n'est cependant pas un être vivant.  Il n'a pas de corps vital.  

Aussi les forces éthériques agissent-elles selon des modes fort différents selon qu'elles édifient un cristal ou qu'elles assurent le développement d'un être vivant. Lorsqu'on observe au microscope comment se construit un cristal, on voit se former çà et là dans l'eau-mère des particules cristallines qui tout à coup se déplacent et viennent s'agréger les unes aux autres.  Elles s'accolent selon les lignes géométriques qui forment le plan du cristal. Tout se passe comme si un être invisible se livrait à un jeu de construction, saisissant chaque particule pour la placer à un point exactement déterminé.  

Les forces d'édification, qui sont des forces éthériques, agissent donc de l'extérieur vers l'intérieur du cristal. Elles ne sont pas dans le cristal, mais autour de lui.

Dans les êtres vivants, c'est l'inverse qui se produit. Tous les animaux et l'homme même se développent à partir d'une seule, d'une unique cellule, un ovule fécondé.  Cette cellule grossit et, sitôt qu'elle a atteint une certaine taille, se divise en deux. Ces deux cellules grossissent et se subdivisent à leur tour ; puis de quatre elles deviennent huit et ainsi de suite.  L'animal se développe de l'intérieur vers l'extérieur.  

Les forces de construction sont, en effet, incarnées dans l'animal, constituées et individualisées en corps éthérique. Elles agissent donc bien de l'intérieur de l'organisme.

On ne saurait modifier les forces éthériques incarnées dans l'animal; on détruirait l'organisme qu'elles édifient. On peut atteindre plus facilement celles qui flottent autour du cristal en formation. Or, elles passent par un moment critique, un instant de demi-liberté; c'est le moment où une substance dissoute dans l'eau-mère, donc sans forme, va tout à coup commencer à prendre forme. 

Quelque chose d'invisible va apparaître : le plan de construction du cristal, qui n'était qu'en puissance tant que la substance était dissoute, devient manifesté. C'est à ce passage de l'état sans forme à l'état de forme, qu'on peut essayer de saisir les forces éthériques. Il serait sans doute difficile de modifier le plan de construction des cristaux ; chaque substance cristallise, en effet, d'après un système de lignes rigoureusement fixé. 

Mais il se produit quelque chose d'autre pendant ce moment critique : il est rare qu'un seul cristal apparaisse dans l'eau-mère; il y en a presque toujours plusieurs, souvent de nombreux.  Ils paraissent groupés un peu au hasard, sans plan défini.  

Ainsi, lorsqu'on fait cristalliser un peu de sulfate de cuivre, le fond du cristallisoir se tapisse de très petits cristaux allongés, en aiguille, disséminés en désordre. C'est sur cet agencement de cristaux qu'on s'est efforcé d'agir en obligeant les forces éthériques à les répartir d'après un plan.

On y parvient en mélangeant à la solution de sulfate de cuivre quelques gouttes d'une autre substance chargée elle aussi de forces éthériques. Les cristaux vont alors se grouper et dessiner des formes qui diffèrent selon la substance introduite dans la solution.

Mélange-t-on ainsi au sulfate de cuivre, dans des conditions que nous n'avons pas à décrire ici, une goutte de suc d'une plante ou de sang d'un animal ou d'un homme, on verra apparaître toute une série de formes. Chacun des cristaux reste bien fidèle au système de cristallisation du sulfate de cuivre ; c'est leur répartition qui est modifiée.  Au lieu d'être disséminés en désordre, ils sont maintenant groupés selon des lignes définies. Chaque espèce de plante, chaque race animale, chaque homme donnera ainsi une sorte d'image propre à l'espèce, à la race, à l'individu.  Toutes les plantes d'une même espèce, tous les animaux d'une même race donneront une image à peu près semblable. Pour les hommes, les formes sont beaucoup plus différentes d'un individu à l'autre, bien qu'elles aient toutes une sorte de parenté humaine. Chez l'homme, l'influence de la race cède le pas à celle de la personnalité.

Le corps éthérique est aussi corps vital. Si la vitalité est diminuée parce que l'être, que ce soit plante, animal ou homme, est malade, le fait apparaît nettement dans la cristallisation. Au lieu de formes équilibrées, continues, précises, des irrégularités, des brisures, des trous viennent hacher les lignes. 

Le fait apparaît clairement dès qu'on a vu quelques cristallisations. Mais toutes les maladies n'attaquent pas les forces vitales de la même façon.  Les images du sang diffèrent donc d'après la nature de l'affection dont le malade est atteint.  La cristallisation permet de porter un diagnostic. Mais pour le lire correctement il faut une grande habitude ; c'est affaire de spécialiste[4].

Ces expériences et bien d'autres encore nous permettent de suivre clairement l'action des forces éthériques et de voir que cette action est conforme aux indications données par Rudolf Steiner.  La preuve de leur existence peut donc être considérée comme faite, et cela selon les exigences des méthodes scientifiques.  Ces expériences ont été poursuivies depuis plus de vingt ans dans les laboratoires du Gœthéanum (Suisse) qu'a fondés le Dr E. Pfeiffer, et reprises par plusieurs médecins d'Europe et d'Amérique.  C'est également dans les laboratoires du Gœthéanum qu'ont été réalisées par M. Schiller les expériences sur la sensibilité de la flamme au son, dont nous parlions plus haut.

***

LA PULSATION UNIVERSELLE

Les indications qui viennent d'être données sont loin d'épuiser tout l'enseignement de la science spirituelle sur les forces éthériques. Nous nous sommes attachés uniquement à l'un de leurs aspects, celui des forces vitales. 
Nous avons fait allusion à plusieurs reprises à des forces éthériques « libres ».  Il faut entendre par là celles qui ne sont pas organisées et individualisées en un corps éthérique. Ces forces libres forment un monde aussi vaste et aussi complexe que le règne minéral.  Étant donné le dessein essentiel que nous poursuivons, l'étude de ce monde sort de notre sujet. On ne saurait cependant se dispenser de donner quelques brèves indications à cet égard.

Nous avons déjà vu que la matière minérale est immuable, que son caractère essentiel est l'inertie, tandis que l'éthérique se manifeste par des transformations, des métamorphoses continuelles, un mouvement incessant. 

Ce mouvement n'est d' ailleurs pas une agitation désordonnée, mais un rythme régulier, un battement, une pulsation.  Dans notre organisme, le flux sanguin, l'inspiration et l'expiration pulmonaires nous donnent un exemple précis de l'activité des forces vitales.

Dans l'univers, les forces éthériques présentent le même caractère. Chaque fois que nous constatons dans la nature l'existence d'un phénomène qui se reproduit rythmiquement, nous pouvons en inférer qu'une activité éthérique vient mouvoir la matière.

Il en est ainsi, quel que soit l'ordre de grandeur des phénomènes, des plus vastes aux plus infimes. La circulation des astres, la succession des saisons, l'alternance du jour et de la nuit nous montrent les forces éthériques à l'œuvre, tout aussi bien que la poussée des plantes se développant à une date précise, toujours la même pour tous les sujets de la même espèce. 

C'est sous cette influence que les embryons animaux et humains passent par une suite d'états de forme qui se succèdent à des périodes précises, et que tous les enfants sourient, marchent, parlent, perdent leurs dents de lait à peu près au même âge. Si les dents de sagesse apparaissent d'une façon plus irrégulière, et assez souvent ne poussent même pas, c'est qu'en l'état actuel de notre civilisation le corps éthérique est déjà bien abîmé lorsqu'on a vingt ans !

Ainsi, au travers du monde éthérique, l'aspir et le respir cosmiques viennent agiter la matière en lui communiquant l'élan rythmique des grandes pulsations universelles.  Si cet univers est un être vivant, on peut dire que son cœur bat dans le monde éthérique.


***

Nous avons suivi, dans les pages qui précèdent, la voie par laquelle tout esprit qui s'y applique sans idées préconçues, peut parvenir à certaines notions sur les forces éthériques.  

Nous sommes partis d'observations que chacun peut faire, mais qui nous permettent de pressentir au travers du monde visible l'action des forces suprasensibles.  

Nous avons vu que pour parvenir à la connaissance de ces forces il est nécessaire de développer, en même temps que l'observation, une activité intérieure plus intense que ne l'exige la pensée habituelle. Il faut, en effet, d'une part diriger l'observation vers certains aspects, généralement négligés, des phénomènes ; d'autre part entraîner notre pensée à saisir des forces de vie toujours mouvantes dont les lois et le comportement sont différents de ceux qui régissent les phénomènes du monde physique.  

Cette activité intérieure peut être qualifiée de pensée vivante, parce qu'elle est adaptée aux phénomènes de la vie.  Elle constitue un premier pas dans le développement intérieur que propose la science spirituelle.  Le travail destiné à l'acquisition de cette faculté doit donc être accompli par tous ceux qui suivent cette voie

On pourrait, par les moyens qui viennent d'être décrits, parvenir à une certaine connaissance des forces éthériques ; mais on ne parviendrait pas encore à les percevoir. Il faudrait pour cela éveiller les organes d'un sens nouveau. Ce serait une des formes de la clairvoyance.  

Ainsi que nous l'avons indiqué, cette question sort du cadre de cet ouvrage. Indiquons seulement que, pour y parvenir normalement, il serait nécessaire d'exercer encore d'autres facultés. C'est l'être humain tout entier qui doit être développé. Les forces de l'âme et celles de l'esprit doivent être renforcées parallèlement à celles du corps éthérique et de la pensée. Ceci exige d'autres connaissances et d'autres méthodes. Nous aurons l'occasion de les indiquer au cours des chapitres suivants.



[1] L’Initiation ou Comment acquérir des connaissances des mondes supérieurs ? Paris, Triades.
[2] Voir : Guenther Waschmut, Le Monde Éthérique.
[3] Voir E. Pfeiffer : Fécondité de la Terre et Guide pratique pour l’application de la méthode biodynamique (épuisé), ainsi que Visage de la Terre. »- Triades.
[4] Ces expériences ont été poursuivies depuis plus de vingt ans dans les laboratoires du Goethéanum (Suisse) qu’a fondés le Dr E. Pfeiffer et reprises par plusieurs médecins d’Europe et d’Amérique.  C’est également dans les laboratoires du Goethéanum qu’ont été réalisées par m. Schiller les expériences sur la sensibilité de la flamme au son, dont nous parlons plus haut.

mercredi 29 avril 2020

CINQUIÈME PARTIE DU LIVRE : UN CHEMIN VERS L'ESPRIT


VIE                   SENSIBILITÉ      -       CONSCIENCE
Éthérique                        astral                                    spirituel

Il est temps de franchir une seconde étape sur le chemin que nous suivons. Mais nous donnerons tout d'abord quelques indications sur l'enseignement de la science spirituelle.

Après le monde éthérique, c'est le monde astral que nous devons maintenant étudier. Or, ce monde présente un caractère extrêmement complexe dans ses manifestations.

Partir de faits caractéristiques d'un des aspects de l'astral, et, pour chacun d'eux, en chercher l'explication, donnerait au lecteur l'impression d'être conduit à l'aventure au travers d'observations arbitrairement choisies. Pour la clarté de l'exposé, partons de notions générales déjà classées et ordonnées, et indiquons aussitôt les faits qui viennent confirmer nos affirmations. C'est donc uniquement par un artifice d'exposé, et non par infidélité à la règle que nous avons adoptée, que nous donnerons la doctrine d'abord, ensuite les faits qui viennent l'appuyer.

***

LES FORCES QUI ARRÊTENT LA CROISSANCE

Les observations que nous avons faites sur la croissance des plantes, les méditations qui les ont complétées et développées, nous ont ouvert le domaine de la vie : le monde éthérique.

Mais dans son livre L'Initiation, Rudolf Steiner, après nous avoir proposé la méditation sur la graine et le développement des végétaux, nous en propose une autre sur leur flétrissement et leur mort. La première méditation nous a conduits de la graine au plein épanouissement. 

Dans la seconde, Rudolf Steiner nous demande de nous représenter la plante à ce point de suprême développement, puis de suivre par la pensée les étapes de son déclin jusqu'à sa disparition. Pourquoi cette dualité, cette sorte d'opposition entre les deux méditations, alors que le cycle de la vie végétale va, semble-t-il, depuis la graine jusqu'à la mort ?

Parce qu'en continuant nos observations sur la vie végétale au-delà du moment où la plante cesse de croître, où son corps éthérique a entièrement développé son plan de construction, nous sommes amenés jusqu'au seuil d'un nouveau domaine, entièrement différent du monde éthérique, et que la science spirituelle désigne sous le nom de monde astral.  L'éthérique permet de comprendre comment le végétal vit et se développe. Il n'explique pas sa mort. La connaissance de l'astral sera la deuxième étape sur le chemin qui nous mène vers l'esprit.

La plante ne possède, outre son corps physique, qu'un corps éthérique. Les animaux et l'homme possèdent également un corps éthérique ·qui assure en eux la vie végétative. Mais ils possèdent en outre la faculté de se mouvoir et la sensibilité, avec toutes leurs conséquences, notamment l'attraction ou la répulsion, le désir ou la crainte, etc. L'ensemble de ces facultés, étrangères à la vie végétale, mais qui apparaissent chez les animaux, sont la manifestation des forces que la science spirituelle appelle forces astrales.

La plante ne possède pas ces facultés. Mais cela ne signifie pas que le monde astral lui reste entièrement étranger ; le fait qu'elle dépérit et meurt est la preuve de son action. Un être qui serait soumis uniquement aux forces éthériques et échapperait entièrement aux forces astrales continuerait inlassablement de croître, de développer sans cesse des formes toujours identiques, se surajoutant indéfiniment les unes aux autres. Il serait le foyer d'une vie pullulante, monstrueuse, sans dépérissement, sans mort.  Ce sont les forces astrales qui limitent le développement, arrêtent la croissance, entraînent la mort. Tel est l'enseignement de la science spirituelle.

Examinons ce premier aspect des forces astrales, en prenant pour point de départ l'observation du dépérissement des plantes. Voyons si, nos observations vont confirmer les indications qui viennent d'être données.

La plupart des plantes, toutes celles que les botanistes dénomment phanérogames, fleurissent, et la fleur se transforme en fruit. La floraison et la fructification entraînent dans la plante des modifications importantes, de véritables métamorphoses. Pour en comprendre toute l'importance, il ne faut pas s'arrêter aux changements de structure et de forme qui apparaissent immédiatement, dès le premier regard. Si frappants qu'ils puissent paraître, ils n'apportent pas de modifications essentielles à la vie végétale. 

Dans leur structure anatomique, la fleur et le fruit ne sont pas autre chose que la métamorphose d'un bouquet de feuilles. Les forces éthériques permettraient de l'expliquer. Mais avec la floraison se manifestent encore d'autres caractères qui étaient jusqu'alors étrangers à la vie végétale. 

Certains de ces caractères sont très évidents. Beaucoup de fleurs sont douées d'une certaine capacité de mouvement; elles s'ouvrent pendant le jour et se ferment pendant la nuit. Elles sont dotées de sexualité : beaucoup de plantes portent des fleurs mâles et des fleurs femelles, parfois réparties sur des sujets différents. 

Toutes ont des organes mâles et femelles. Elles ont une couleur, souvent une odeur qui n'existent pas dans la plante. D'autres caractères se révèlent moins immédiatement à l'observation. Dans la fleur et le fruit apparaissent des substances aromatiques, des glucoses, de l'amidon, etc., que la plante ne contenait pas ou qu'elle ne possédait qu'en moindres proportions. Enfin certains botanistes, notamment l'Hindou Bose, ont découvert qu'au moment où la fleur est fécondée il se produit une véritable élévation de température chez la plante.

Ces caractères différents de ceux que présente normalement la vie végétale, ont amené quelques botanistes à considérer la floraison comme une sorte de maladie de la plante. C'est une maladie souvent mortelle, puisque beaucoup de plantes annuelles se flétrissent et meurent aussitôt après la fructification ; presque toutes cessent de croître dès ce moment.

Si nous rapprochons tous ces caractères nouveaux qui apparaissent avec la floraison, et qui, jusqu'alors, étaient étrangers à la vie végétale, nous sommes amenés à reconnaître qu'ils apportent à la fleur quelques facultés qui ne sont complètement développées que dans le règne animal. Il en est ainsi du mouvement, de la sexualité, de la chaleur. Les substances qui apparaissent dans la plante au moment de la floraison et surtout dans le fruit sont celles qui sont les plus nourrissantes pour les animaux et pour l'homme. 

On fait les foins au moment où les herbes fleurissent ; beaucoup d'animaux et l'homme même tirent leurs aliments surtout de fleurs, de graines et de fruits. Il semble donc qu'au moment où les forces de croissance des plantes se métamorphosent en floraison et fructification, des éléments nouveaux s'introduisent dans la vie végétale et l'apparentent à la vie animale. Le règne végétal tend pendant un moment à se hausser vers le règne qui lui est supérieur  ; il en reçoit certains caractères.  

En retour, et par une sorte d'offrande, le végétal apporte aux règnes supérieurs des éléments élaborés au moyen des forces astrales qu'il a reçues. Les règnes supérieurs vont de leur côté entretenir leur vie, donc leur corps éthérique, grâce aux substances que l'astralité a fait apparaître chez les plantes. Il se produit ainsi une sorte de don réciproque entre les règnes, un échange entre l'astral et l'éthérique.

La reproduction par fleurs et graines est d'autant plus extraordinaire que beaucoup de plantes possèdent d'autres moyens pour se reproduire, des rejets, racines traçantes, tubercules, cayeux d'oignons, etc. Enfin presque toutes les plantes peuvent être propagées par boutures. Ces modes de reproduction sont prorres au règne végétal, tandis que la graine est souvent très analogue aux œufs de certains animaux inférieurs. 

La fleur et la graine correspondent donc à une astralisation de la plante. Les autres modes de propagation, purement végétaux, manifestent1a tendance de l'éthérique à la prolifération, au pullulement. Gœthe avait déjà remarqué cette opposition entre les deux modes de reproduction des végétaux. Il considérait le mode de reproduction par fleurs et graines comme anormal et surajouté. Il l'appelait le péché originel de la plante, parce qu'il entraîne souvent sa mort, toujours l'arrêt de sa croissance, et qu'il semble indûment emprunté à la sexualité animale.

Les forces astrales qui font irruption dans la plante au moment où elle fleurit ne la pénètrent que pendant un moment, tandis qu'elles se développent pleinement chez l'animal et chez l'homme. La tendance des forces astrales à détruire ou tout au moins à limiter, à contenir les forces éthériques, se manifeste de façon frappante chez les végétaux. Il était donc important de la relever chez eux tout d'abord.

En observant une plante en fleur, nous nous trouvons devant un cas limite : le passage, la transition entre le monde éthérique et le monde astral[1]. De tels cas limites sont toujours importants à observer. 

Nous pouvons en tirer deux enseignements. Ils nous permettent tout d'abord de mieux préciser les caractères distinctifs des deux ordres de phénomènes, ceux qui dépendent de l'éthérique et ceux qui se rattachent à l'astral. En étudiant la plante, nous pouvons en tirer un autre bénéfice. 

S'il est nécessaire, en effet, d'apprendre à distinguer très nettement l'éthérique de l'astral, il est non moins important de bien voir que ces deux mondes ne sont pas séparés par des cloisons étanches, mais qu'ils se mêlent étroitement, s'amalgamant dans ce que nous appelons la vie de la nature. 

En nous, et autour de nous, ce que nous dénommons vie organique est formé en réalité par l'activité des forces éthériques et des forces astrales agissant réciproquement l'une sur l'autre. Ces rapports apparaissent sous un jour contradictoire.  Ils sont à la fois coopération et lutte : lutte continuelle entre des forces d'édification, les forces éthériques, et des forces de destruction, les forces astrales.


DIVINITÉS QUI TUENT,
DIVINITÉS QUI FÉCONDENT

Les peuples anciens avaient fort bien vu ce fait. Beaucoup de mythologies anciennes l'ont symbolisé par des divinités destructrices qui sont en même temps des dieux de la fécondité, ou que les mythes associent à des dieux fécondants.

Le type le plus connu de ces divinités est le Shiva hindou qu'on représente dansant sur le cadavre d'un lion, dieu de la destruction, archer divin qui apporte la mort et en même temps dieu de la procréation qu'on adore sous le symbole du phallus. Son caractère est encore renforcé chez sa parèdre, son double féminin, sa Sakti, Kali-Dourga, qui s'enorgueillit de porter sur les épaules en guise de joyaux un collier de crânes. En son honneur, certaines sectes accomplissaient des sacrifices humains ou des suicides rituels,  tandis qu'à d'autres moments la même déesse présidait à des prostitutions sacrées ou à des hiérogamies.

Chez les Grecs, Hadès, le dieu des morts, est uni à Proserpine, la déesse de la végétation. Dans presque toutes les mythologies on trouve des dieux du monde souterrain, des dieux chthoniens qui sont en même temps dieux des morts et dieux de la fécondité surtout végétale. Artémis porte en elle-même ce double caractère. Elle fait mourir, c'est elle qui arrache l'âme du corps des mourants, tandis que par ailleurs elle préside aux accouchements ; c'est elle qui délivre les femmes enceintes. L'Artémis d' Asie Mineure est aussi déesse de l'allaitement. À Éphèse et à Milet, on la représentait portant sur la poitrine trois ou quatre rangées de seins.

Le double mode de représentation symbolique des rapports de l'éthérique et de l'astral, tantôt par un couple de divinités antagonistes (selon le type Hadès-Proserpine), tantôt par un seul personnage divin, qui détruit d'une main ce qu'il édifie de l'autre (comme Artémis ou Dourga), n'est pas purement arbitraire. Il correspond à une réalité dont l'observation de la plante, rapprochée de celle de l'animal, nous donne la clef.

Dans le règne végétal, les forces astrales agissent de l'extérieur sur le corps éthérique de la plante qui est seul lié au corps physique. Il y a donc antagonisme entre deux éléments étrangers l'un à l'autre, qui luttent l'un de l'intérieur, l'autre de l'extérieur de l'organisme. 

Cette lutte constitue cependant, et en même temps, une coopération, puisque la plante telle qu'elle existe, telle que nous la voyons, en est le résultat. Lorsque les créateurs de mythes observaient les rapports de l'éthérique et de l'astral dans la vie végétale, ils la symbolisaient donc, à juste raison, par deux êtres distincts opposés de nature, mais unis cependant par quelque lien subtil. Ainsi naquit dans l'imagination des Anciens, des couples du type Hadès-Proserpine.

Chez l'animal, par contre, le corps astral est incarné, lié aux corps éthérique et physique. Dans chaque organisme, l'éthérique et l'astral s'opposent et s'étreignent en un combat incessant, où l'astral ronge et dévore l'éthérique, tandis que l'éthérique tend à étouffer l'astral. Tout se passe donc comme si chaque être possédait en lui-même un double caractère, détruisant sans cesse ce qu'il édifie sans relâche. 

Ainsi, les rapports de l'éthérique et de l'astral observés dans la vie animale ou humaine apparaîtront à l'imagination sous la forme d'un être de nature contradictoire, qui enfante et détruit à la fois. Nous avons vu qu'Artémis fait mourir et fait naître, qu'elle est en même temps protectrice et chasseresse des animaux sauvages. Si Proserpine est une déesse de la végétation, Artémis est tout particulièrement associée à la vie animale.

L'image grandiose et un peu inquiétante de ces dieux complexes n'est pas seulement une explication ou le symbole mythique d'un fait que la physiologie moderne constate et étudie. Ce n'est pas seulement un mythe naturaliste. La destruction et la reconstruction continuelles du corps physique des êtres vivants, et tout particulièrement de notre propre corps, peut constituer une expérience religieuse très importante. Et c'est bien ainsi que l'ont considéré les Grecs et les Hindous.

Au cours des mystères d'Éleusis, on représentait le mythe de Proserpine. Les mystes devaient « contempler en silence », nous disent les textes, ce drame ou cette suite de tableaux vivants. En d'autres termes, ils méditaient sur les images qu'évoquaient les rites du mystère. Elles provoquaient en eux une expérience intérieure si profonde qu'au dire de ceux qui l'ont vécue, et dont les impressions nous ont été transmises, tout homme qui avait pris part aux mystères en sortait transformé; la vie avait changé d'aspect pour lui.

C'est en l'honneur d'Artémis, déesse de la mort et de la naissance, que se déroulaient les mystères d'Éphèse.

Quant au culte de Shiva et de Kali-Dourga, il a suscité, à côté de sectes aux rites étranges, sanglants ou obscènes, des écoles mystiques d'une haute valeur.


LE PERPÉTUEL RAJEUNISSEMENT

Cette même expérience de la destruction et de la reconstruction du corps peut être encore aujourd'hui, sous des formes naturellement fort différentes, un élément important du développement spirituel. Les légendes grecques, les constructions un peu monstrueuses ou amorales du plus sombre génie hindou ne peuvent plus nous servir. 

Mais, en approfondissant la notion qui servait de base à ces cultes, nous nous approchons d'un fait capital dans la vie de la nature, d'une de ses lois les plus générales. C'est la loi du rajeunissement, du renouvellement perpétuel de l'univers. Si les formes ne se détruisaient pas perpétuellement, elles ne sauraient se modifier, se métamorphoser. 

La vie s'éteindrait dans une sclérose universelle. Les formes détruites ne sont pas reconstruites d'une façon absolument identique. Chaque fois, une légère modification se produit. Les formes peuvent ainsi se modifier, s'adapter, se perfectionner. Aucun progrès, aucune évolution ne serait possible sans ce renouvellement perpétuel qu'on pourrait juger à première vue n'être qu'un inutile travail de Pénélope.

Notre vie spirituelle la plus profonde peut, elle aussi, être atteinte par cette expérience de la reconstruction du corps. Elle peut nous conduire, en effet, à une connaissance du moi. Nous l'examinerons sous cet aspect au cours de notre étude sur l'esprit qui vit dans l'homme.


NAISSANCE DE LA SENSIBILITÉ

En examinant la façon dont s'affrontent l'éthérique et l'astral, nous sommes amenés à faire encore une autre observation.

Lorsque l'opposition entre ces deux forces se produit sous forme d'antagonisme entre un corps éthérique et un corps astral, tous deux incarnés dans le même individu, il naît la sensibilité. C'est elle qui caractérise l'animal vis-à-vis de la plante.

Au contraire, lorsque les forces astrales agissent de l'extérieur, sans être organisées et individualisées en un corps astral, il n'y a pas de sensibilité. Le cas de certaines plantes qui réagissent à l'attouchement, comme les gobe-mouches ou les sensitives, est exceptionnel. Leur réaction ne manifeste pas, en réalité, une véritable sensibilité. Avec les plantes carnivores comme le gobe-mouches, nous nous trouvons d'ailleurs, semble-t-il, à l'extrême limite entre les deux règnes végétal et animal.


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Si nous confrontons nos observations et l'enseignement de la science spirituelle, nous sommes amenés à constater que tous les êtres vivants, plantes, animaux et hommes, possèdent, outre leur corps physique, un corps de vie ou corps éthérique. Au cours de leur cycle de développement, les plantes sont effleurées par un élément qui n'est pas normalement incarné chez les êtres du règne végétal : le corps astral. Il modifie le caractère de la plante, mais entraîne son dépérissement et sa mort.

Les animaux et les hommes possèdent des facultés qui manquent à la plante ; une sensibilité qui leur rend possible de ressentir la joie et la douleur ; des désirs dont la satisfaction fait naître le plaisir ; le mouvement qui leur permet de rechercher l'objet du désir et d'éviter la douleur. Le corps astral se manifeste par ces qualités comme le corps éthérique se manifeste par la vie.

Avec le corps éthérique nous voyons apparaître la vie, avec le corps astral la sensibilité et la conscience psychologique.


APPARITION DE LA CONSCIENCE MORALE

Chez l'homme un élément spirituel, le moi, s'ajoute au corps astral. Le moi et le corps astral sont liés entre eux comme l'éthérique l'est au physique. Le moi permet qu'à la conscience psychologique s'ajoutent la réflexion et la conscience morale. 

Par son moi, l'homme est capable d'inventer, de créer quelque chose d'original ou d'adapter ce qu'il sait à des circonstances nouvelles. L'animal n'invente pas. Il est par contre doué d'un instinct qui parfois égale ou même dépasse l'intelligence humaine, mais qui n'entre en action que pour des fins strictement déterminées : la satisfaction des besoins immédiats et la reproduction ou la conservation de l'espèce. 

Les gestes dictés par l'instinct sont indéfiniment répétés par l'espèce, sans aucun perfectionnement ni aucune originalité provenant des individus. Chaque espèce d'oiseau construit un nid différent, souvent conçu de façon fort ingénieuse, mais tous les oiseaux de la même espèce construisent des nids identiques. 

Des ruches fossiles vieilles de plusieurs centaines de milliers d'années sont identiques aux ruches d'abeilles modernes. Des castors enfermés dans un jardin zoologique construisent des huttes sur pilotis et les protègent par des digues, même dans le terrain le plus sec ; ils sont incapables d'adapter leur instinct aux circonstances. 

L'instinct agit au travers de l'animal qui exécute automatiquement ce qui lui est ainsi dicté; mais l'animal est incapable de réfléchir cette impulsion, de la retenir ou de la modifier. L'instinct peut être contenu ou transformé chez l'animal par une volonté extérieure, par le dressage, jamais par une impulsion venant de l'animal même.

L'homme est capable non seulement d'invention dans le domaine matériel, mais aussi d'invention morale ; il peut créer de nouveaux modes de penser et de sentir. Il est capable de se contraindre, de s'entraîner, de s'éduquer ou de se développer par sa propre volonté et pour des buts qu'il se pose à lui-même.

Si le corps éthérique fait naître la vie, le corps astral, la sensibilité et la conscience psychologique, le moi nous permet d'acquérir la conscience morale et la faculté d'invention.


LES DEUX GROUPES :
PHYSIQUE-ÉTHÉRIQUE,
ASTRAL-MOI

Examinons quelques-uns des rapports qui existent entre ces différents éléments : corps éthérique, corps astral et moi.

Les animaux et l'homme dorment. Pendant le sommeil, la sensibilité, les désirs et le mouvement disparaissent presque complètement. Par contre les processus purement vitaux persistent. Pendant le sommeil, le corps éthérique est donc toujours lié au corps physique, tandis que le corps astral en est libéré. L'action du moi disparaît également.

Ainsi, tandis que le corps éthérique reste étroitement lié au physique tant que dure la vie, le corps astral et le moi sont beaucoup moins stables. Les liens entre ces deux groupes varient sans cesse et se relâchent jusqu'à cesser complètement dans le sommeil profond, sous l'influence d'anesthésiques, pendant un évanouissement ou en état d'hypnose.

Nous venons de voir, à propos du flétrissement des plantes, que tandis que le corps éthérique construit sans cesse, tend à développer indéfiniment les êtres vivants, le corps astral au contraire détruit ce que l'éthérique a édifié. C'est pourquoi lorsque le corps astral est resté pendant un certain temps en liaison trop étroite avec les corps physique et éthérique, la fatigue apparaît. Elle se manifeste physiologiquement par la formation dans le sang et les humeurs de toxines qui sont des produits de désagrégation de l'organisme, la marque du travail de destruction du corps physique. Les sensations trop vives, le travail musculaire ou intellectuel, qui sont des manifestations de l'activité du corps astral, augmentent cette fatigue.

Pendant le sommeil, la disparition du corps astral, qui ramène l'homme et les animaux à l'état de plantes, permet au corps éthérique de reprendre toute son activité. Il répare les destructions produites par le corps astral. La fatigue disparaît.

Ainsi nous voyons, dans cette organisation complexe des animaux et de l'homme, se former deux pôles : d'une part le corps physique et le corps éthérique ; d'autre part le corps astral, auquel, chez l'homme, est étroitement uni le moi.  Au cours de toute la vie, le couple corps physique - corps éthérique reste indissolublement uni, sauf dans des cas exceptionnels et pendant un temps très court comme lorsqu'un homme est en état de mort apparente. Par contre le couple corps astral-moi, lui aussi étroitement uni, se sépare à intervalles rythmiques du précédent.

Pour qu'apparaissent la sensibilité et la conscience, il faut que les deux couples soient unis. Elles disparaissent si cette union se relâche ou cesse.


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D'autres observations vont nous montrer plus clairement encore la polarité entre ces deux couples.

Dans le corps physique, le corps éthérique agit plus particulièrement au moyen des systèmes lymphatique et glandulaire ; il se manifeste nettement dans l'activité des glandes à sécrétion interne qui jouent un rôle prépondérant dans la croissance. Il est l'agent de la circulation des liquides dans tout le corps. 

Le corps astral par contre s'exprime par les systèmes sensoriel et nerveux. Il agit aussi d'une façon prépondérante dans la digestion, car pour parvenir à assimiler les substances ingérées, il faut qu'elles soient d'abord détruites. Le degré d'importance et de complexité du système nerveux, qui varie avec chaque espèce animale, montre l'importance que joue le corps astral dans chacune d'elles. 

Plus le système nerveux est développé, plus le degré de conscience psychologique de l'animal s'élève. L'activité du corps astral s'exprime ainsi sous son double aspect : physiologique dans le système nerveux et psychologique dans la conscience. L'importance du corps éthérique varie inversement ; moins le corps astral est développé, plus son antagoniste, le corps éthérique, a de force. 

En conséquence la régénération du corps physique se fait d' autant plus facilement et rapidement que le corps astral est plus faible et, partant, que le système nerveux est moins développé. Si l'on coupe en deux un ver de terre ou une hydre d'eau douce, chaque tronçon reforme un animal complet. L'écrevisse ou le lézard n'en seraient pas capables ; mais si l'on coupe la patte d'une écrevisse ou la queue d'un lézard, elles repoussent. 

Les animaux supérieurs à système nerveux très développé et l'homme sont incapables de régénérer tout un membre ; ils ne peuvent que cicatriser leurs plaies et ressouder les os brisés. Le pouvoir de régénération de l'organisme est en proportion inverse du développement du système nerveux, et par conséquent du degré de conscience psychologique atteint par l'espèce à laquelle appartient l'être blessé.

La conscience psychologique naît, en effet, de cet antagonisme entre le corps astral et les corps physique et éthérique. Plus l'activité du corps astral grandit et limite les corps physique et éthérique, plus la conscience s'affirme. 

Cet accroissement de conscience a nécessairement pour contrepartie une diminution de la vitalité. Si le corps éthérique prédomine d'une façon excessive chez un être humain, les facultés de l'émotivité, du sentiment, de la volonté et de la pensée sont atrophiées chez lui ; on dit qu'il est «  grand, gros, fort ... et bête ».

La prédominance de l'astral chez un être humain a pour conséquence le développement de l'émotivité, de la sensibilité, des désirs, des passions. Cet excès d'astralité nuit à l'éthérique, donc à la vitalité. Par une image très juste, on dit que cet homme « est rongé de passions ».

L'action très forte du moi, lorsqu'elle se produit par un affinement des sentiments et de la pensée, ce qui est normalement le cas, rend aussi souvent les êtres plus fragiles. Les sentiments et la pensée naissent sous l'action du moi, mais au sein du corps astral. 

Ce sont des facultés astrales spiritualisées. L'action directe du moi n'aurait pas cet effet destructeur qui est une caractéristique de l'astral. Dans l'état actuel du développement humain, tout renforcement de la conscience a pour contrepartie un affaiblissement de la vitalité.

Ainsi, d'après l'enseignement de la science spirituelle, lorsqu'à des éléments empruntés au monde physique se joint un corps éthérique (c'est le cas dans une graine, dans un ovule dès la conception), un organisme peut se former, la vie apparaît.  Si un corps astral vient s'ajouter au corps éthérique, la sensibilité, le mouvement, la conscience psychologique apparaissent. Si un moi vient couronner les trois corps, la conscience morale, la réflexion, la faculté d'invention vont naître.

Après avoir étudié l'éthérique, notre seconde étape sur le chemin que nous suivons doit nous amener à aborder l'astral. Nous rechercherons tout d'abord quelle méthode nous pouvons employer pour pénétrer dans ce nouveau domaine par les seules forces de nos facultés normales.



[1] Il y a également un moment d’astralisation chez les plantes cryptogames.  Il est particulièrement net dans certaines phases du processus de reproduction de quelques algues.