vendredi 24 avril 2020

DIXIÈME ET DERNIÈRE PARTIE DU LIVRE : UN CHEMIN VERS L'ESPRIT



LA DUALITÉ HUMAINE

L'autonomie n'a pas les mêmes conséquences dans le monde physique, où les réalités spirituelles sont voilées à la conscience humaine, que dans le monde spirituel où on les contemple face à face. Dans le monde physique, l'acte libre, créateur, n'a pas le caractère de rébellion contre le plan divin qu'il prendrait dans le monde spirituel.

Pendant chaque existence physique, le Moi éternel est voilé par les ténèbres de notre inconscient.  Il ne saurait agir dans la pleine lumière de la conscience, sinon l'ego ne serait plus libre.  Il suscite certaines impulsions, mais il ne nous détermine pas.  De là vient ce sentiment d'une dualité de nature que nous ressentons en nous-même. L'adage ancien le reconnaissait déjà.  « Je vois le bien et le mieux, mais je fais le mal. »  Le Moi éternel est là, derrière ce que nous appelons la voix de la conscience ».  Ainsi s'explique que le Moi divin, quoique toujours présent, nous reste inconnu ; qu'il possède une sagesse divine et que nous soyons cependant sujets à l'erreur et au péché.

Le Moi éternel ne peut rester indéfiniment lié à l'organisme humain. Il y perdrait sa nature spirituelle.  Il le quitte donc à intervalles réguliers pour réintégrer sa patrie spirituelle.  Il le fait chaque nuit pendant le sommeil.  Il le fait après la mort, jusqu'à une nouvelle naissance.  

Grâce à la liberté acquise dans le monde physique, il jouit dans le monde spirituel d'une certaine autonomie, partant d'une certaine conscience de lui-même.  On n'est conscient, en effet, que dans la mesure où l'on peut s'opposer au milieu dans lequel on se trouve.  Parce qu'il a acquis l'autonomie, le moi n'est plus simplement du spirituel perdu, confondu, dissous dans l'océan spirituel du monde divin.  Sans doute il est encore un être spirituel, donc un reflet, une image de Dieu.  Mais il en est de lui comme d'une image dans la glace qui cesserait d'être un simple reflet, qui peu à peu prendrait une expression, une mimique personnelle, ne suivrait plus exactement les gestes de celui qui se mire, mais se mettrait d'elle-même en mouvement.

Cette autonomie est encore bien faible, bien fragile.  À mesure que le moi pénètre plus avant dans le monde spirituel, elle se dissipe, elle fond à l'ardeur du feu divin.  (Il s'agit ici d'images empruntées au monde physique, inadéquates par conséquent aux réalités du monde spirituel, mais indispensables à notre intelligence.)

Si le moi demeurait dans le monde spirituel, il perdrait entièrement sa conscience, son individualité, il retournerait au divin impersonnel.  Il entrerait en « Nirvâna », il suivrait la voie que préconisent les maîtres hindous.  
Pour accomplir sa mission, il faut donc qu'il redescende vers la terre, qu'il se lie de nouveau à un organisme humain.  À chaque descente il peut s'incarner un peu plus profondément, car il a appris à élaborer toujours mieux l'organisme auquel il se lie.  
Une soif plus grande de liberté, un sentiment plus vif de la personnalité sont les conséquences de cette incarnation plus profonde.


LIBERTÉ ET PÉCHÉ

Mais c'est ici le point culminant de ce grand drame cosmique qui se joue autour de la personnalité humaine. Une liberté plus grande augmente aussi les occasions d'erreur, de fautes, de péchés, de crimes.  Lorsqu'après la mort le moi emporte les fruits de l'existence qui vient de s'écouler, que présente-t-il au monde spirituel ?  Des œuvres que nous appelons bonnes parce qu'elles sont conformes au plan divin, ou compatibles avec lui.  Mais d'autres y sont nettement contraires, elles doivent en être rejetées. 

Si ces dernières l'emportent, l'autonomie du Moi éternel diminue ; sa conscience, son individualité disparaissent ; sa mission est manquée ; l'âme humaine, son grand'œuvre, qu'il a patiemment élaborée, qu'il a arrachée au monde périssable, est rejetée par le monde spirituel, condamnée, perdue.

La liberté est nécessaire pour que le moi conserve sa conscience, son individualité.  Comment concilier cette nécessité avec les conséquences de la liberté, les fautes qu'elle occasionne ?  Le problème n'a pas toujours été posé exactement dans ces termes, mais il a été entrevu par un grand nombre de religions et tout particulièrement par le christianisme.  Le fait que la liberté dont l'homme doit jouir entraîne la possibilité du péché, la fasse même naître, a été ressenti comme le péché originel.  La nécessité de la liberté a été vue clairement par le christianisme primitif.  C'est le point essentiel de l'enseignement de saint Paul.

Comment ce drame pouvait-il être dénoué sur le plan universel, sur le plan cosmique ?  Il a fallu qu'un être divin prenne à sa charge les conséquences néfastes de la liberté, les fautes, les péchés qu'elle entraîne.  Ce fut la mission du Christ.  Il est « l'agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ».  Grâce à lui, l'âme humaine, toujours plus libre, peut, malgré ses fautes, être sauvée, acceptée dans le monde spirituel.


PEUT-ON PROUVER L'ESPRIT ?

De notre longue et patiente recherche, de notre « quête » du moi, que rapportons-nous ?  

Beaucoup de choses, si nous tenons compte de tout ce que nous avons emprunté à l'enseignement de la science spirituelle.

À peu près rien si, fidèles à notre dessein, nous ne retenons que les notions acquises uniquement par nos facultés normales d'observation, de jugement, de pensée, à l'exclusion de toute connaissance obtenue par la clairvoyance.
Dans ce dernier cas, il faut reconnaître que nous n'en savons guère plus sur le moi que ce que nous aurions pu apprendre dans un manuel quelconque de philosophie : « le moi est une donnée immédiate de la conscience », une notion qui s'impose à nous sans que nous puissions établir son bien-fondé.  

Nous ne pouvons reconnaître qu'une chose : aucune pensée, aucun raisonnement, aucune connaissance ne serait valable si nous ne l'admettions pas comme indiscutablement établi.  Aucune pensée, aucune connaissance ne serait en effet possible si nous supposions que les choses et nous-même peuvent à la fois être et ne pas être.

Il y a pourtant quelques acquisitions à notre actif.

Pour avancer, au cours de notre recherche du moi, nous avons dû, à chaque pas, utiliser l'enseignement de la science spirituelle.  Puis nous avons découvert que les données ainsi empruntées nous permettaient d'expliquer certaines expériences de notre vie intérieure et aussi certains faits historiques comme l'opposition de l'hindouisme et du christianisme ou encore une évolution dans l'attitude de l'Église au cours des premiers siècles chrétiens.  

Ce sont là des faits que tous les historiens des religions constatent, mais dont la science spirituelle révèle le sens.

Ainsi, en prenant pour hypothèse de travail les données de la science spirituelle, nous avons reconnu qu'elles pouvaient nous aider à expliquer certains faits. C'est une méthode que nous avions adoptée au début pour la commodité et la clarté de l'exposé. Désormais il est impossible de procéder autrement.  Or, l'hypothèse de travail est une méthode qu'on admet comme valable dans certaines disciplines scientifiques.  Il en est ainsi dans les sciences qui, par la nature même des faits qu'elles étudient, ne peuvent employer la méthode expérimentale, et tout particulièrement dans les sciences historiques.  Lorsqu'un historien veut expliquer certains événements qu'il constate, comment procède-t-il ?  Il forge une hypothèse de travail et recherche si elle peut rendre compte de ces faits.  Dans l'affirmative, il la considère comme valable, sinon comme prouvée.  C'est une méthode, en effet, qui ne présente pas un caractère de rigueur absolue.  

Les résultats qu'elle permet d'obtenir ne s'imposent pas à tous les esprits.  Ils laissent toujours place à pas mal d'incertitude.  Aussi voit-on les théories historiques ou sociologiques s'effondrer aussi facilement qu'elles s'échafaudent.  En matière historique, dès qu'il ne s'agit plus de constater simplement les faits, mais de les interpréter, on ne peut jamais apporter de preuves telles que tout homme raisonnable soit contraint d'accepter telle interprétation. Des opinions individuelles peuvent s'affronter, ce qui serait impossible en mathématiques ou en chimie. Pour interpréter des faits historiques, on reste libre.

Nous tenons ici la clé du mystère, la raison de cet extraordinaire obstacle auquel nous nous sommes heurtés à chaque pas au cours de notre recherche.  
Nous la tenons, mais à condition de faire appel une dernière fois aux données de la science spirituelle.  Elle nous enseigne que nous devons rester libres en face du spirituel.  Il ne faut donc pas que nous soyons contraints d'en admettre l'existence. Il est nécessaire que nous conservions une large liberté d'opinion pour interpréter les faits où la marque, la signature de l'esprit peut être relevée.  

Des preuves péremptoires, indiscutables, ne nous laisseraient pas libres.  

Nous ne sommes pas libres d'admettre que deux et deux fassent trois ou cinq ou que la somme des trois angles d'un triangle fasse plus ou moins la valeur de deux angles droits ou 180°.  Nous sommes contraints d'admettre la plupart des faits que constate la physique ou la chimie et les lois qu'on en tire.  Mais le spirituel, lui, ne doit pas nous être imposé de l'extérieur, par démonstration péremptoire, pas plus que par autorité.  Il ne peut être atteint par une âme qui resterait passive.  

Il faut que nous allions au devant de lui, que notre âme ne s'incline pas seulement devant les preuves qu'on lui apporte, mais que, de son propre mouvement, elle parte à la recherche du spirituel, comme les chevaliers de la légende à la quête du Graal.  C'est seulement par une activité de notre vie intérieure que nous pouvons atteindre l'esprit.  Il faut en outre que cette activité devienne si intense qu'elle dépasse nos facultés normales, qu'elle atteigne la clairvoyance.

Il faut l'admettre : par l'observation, par le jugement, par le raisonnement, nous ne pouvons acquérir une expérience directe du spirituel, pas plus que par des démonstrations matérielles.

Ce ne sont pas seulement les problèmes relatifs au moi qui échappent ainsi à nos facultés normales. Tous les faits d'ordre spirituel ne peuvent être ni atteints, ni établis, ni prouvés de façon assez péremptoire pour ne laisser aucun doute dans l'esprit.

Il en est ainsi, notamment :

de l'existence de Dieu et des êtres spirituels; de la vie après la mort  ;

de la réincarnation ;

du problème de la liberté et du libre arbitre;

de la mission du Christ et même de son existence physique.

Ce sont là des questions qui doivent rester ouvertes, pour que soit sauvegardée la liberté humaine en face du spirituel.  Cela signifie-t-il qu'aucune connaissance ne soit possible aux hommes dans ce domaine ?
Non certes, puisqu'on peut y atteindre par le développement de facultés supranormales, par la clairvoyance.  

Mais pour ceux qui ne la possèdent pas ou ne peuvent l'acquérir, n'y a-t-il aucune ressource ?  Oui il y en a une, par la méthode qui vient d'être indiquée : en examinant les données recueillies par clairvoyance et en recherchant si elles s'appliquent aux faits qu'on peut constater. 

C'est une méthode qui laisse place à bien des interprétations, à bien des doutes.  Oui, mais l'étude, le travail sur la pensée, la méditation développent peu à peu chez ceux qui les pratiquent un sens de la vérité qui est déjà proche des facultés supranormales et qui peut les guider.


L'EXPÉRIENCE DU SPIRITUEL

Dès le début de cette étude, nous avons remarqué qu'il nous faudrait employer plusieurs méthodes pour parvenir à une connaissance des mondes suprasensibles ; des méthodes qui sont de différentes natures.  Chacun de ces mondes ne peut être atteint que par un mode d'investigation qui lui soit propre, qui lui soit adapté.

En ce qui concerne le monde éthérique, l'observation de la métamorphose des formes, l'expérience sensible-suprasensible, nous ont permis d'aller fort loin dans son étude.

L'introspection nous a ouvert les portes du monde astral.  Le chemin que nous avons suivi, après nous avoir fait ainsi traverser le monde éthérique et le monde astral, s'arrête au seuil du monde spirituel.  Ici, l'emploi d'un nouveau mode d'investigation devient nécessaire.  Si nous voulons pénétrer plus avant, nous ne le pouvons que grâce à une expérience intérieure nouvelle.  Ni l'observation du sensible, ni l'étude de nos états d'âme conscients ne peuvent nous aider.  Il est nécessaire de développer nos facultés suprasensibles, d'atteindre à la clairvoyance.  Il faut que nous ayons la force et le courage de pénétrer dans l'inconnu.

Toutes les mystiques, toutes les initiations anciennes ont connu et décrit ce moment critique.

Les mystiques chrétiens l'ont dénommé, à la suite de saint Jean de la Croix, le « passage dans la nuit obscure ».  Dans son poème célèbre, le grand mystique chrétien chante en effet l'événement dans ces termes :

« Par une nuit obscure,
 « O la merveilleuse aventure
« Je suis sorti sans être vu. »

Les mystes[1] de l'époque gréco-latine symbolisaient le même événement par le « saut de Leucade ».  Ce saut était représenté dans la grande fresque décorant l'abside de la basilique pythagoricienne de la porte Majeure à Rome.  

D'après la légende, la poétesse Sapho, amoureuse d'Apollon, se trouvait sur une falaise de l'île de Leucade, lorsqu'elle aperçut son divin amant qui, sur une île voisine, l'appelait.  Elle n'hésita pas pour le rejoindre à plonger du haut de la falaise qui dominait à pic la mer.  Un miracle se produisit.  Les vents la portèrent jusque dans les bras d'Apollon, à qui elle fut ainsi réunie à jamais.

Dans tous les pays et sous des affabulations très diverses, de  nombreuses légendes nous montrent des êtres humains, généralement des femmes, qui sautent ainsi du haut d'une tour ou d'un rocher pour rejoindre celui qu'elles aiment ou pour échapper à des ennemis qui les traquent. Ces légendes retracent le souvenir d'anciennes initiations.

Si le saut dans la nuit obscure ou dans l'abîme n'est plus qu'un symbole chez les mystiques ou chez les initiés des époques classiques, il était réellement exécuté dans des temps plus reculés au cours des épreuves initiatiques. On affirme que des mystes plongeaient effectivement dans la mer du haut de la falaise de Leucade à l'endroit où Sapho se serait élancée vers Apollon. Au cours de certains rites, on obligeait les mystes à sauter dans un puits obscur sans qu'ils sachent ce qui les attendait au bas et s'ils ne s'y rompraient pas les os.  C'est ce qu'on appelait souvent l'épreuve de l'air.  La chute, l'angoisse du péril couru avaient pour effet d'entraîner une rupture momentanée des liens unissant le corps physique et le corps éthérique.  

Cette rupture se traduisait dans la conscience du myste par des expériences spirituelles profondes.

On n'obtiendrait plus aujourd'hui, par ces moyens, les mêmes résultats, parce que nos corps éthériques sont devenus beaucoup moins souples.  Des plongeurs, des parachutistes font chaque jour des sauts plus impressionnants et surtout plus prolongés que les mystes d'autrefois.  Ils n'en tirent aucune expérience spirituelle.  On peut remarquer cependant que dans des cas d'accidents par chute grave, lorsque la victime échappe à la mort, elle raconte souvent qu'elle a eu pendant la chute des expériences qui l'ont beaucoup frappée : elle a revu toute sa vie d'un seul coup, en une sorte de panorama, ou, plus rarement, elle a eu une sorte de vision cosmique des forces agissant dans l'univers.  L'angoisse de l'accident, jointe à la chute éveille un lointain écho des expériences par lesquelles passaient les mystes de l'Antiquité.

Aujourd'hui ce n'est plus par un artifice extérieur qu'on peut parvenir à l'expérience spirituelle, mais uniquement par une activité accrue de la vie intérieure.  Cette activité doit être déclenchée par notre volonté consciente et libre et non par des exercices sportifs imposés par un mystagogue.
Sur quoi doit porter cette activité?

Nous avons eu l'occasion, au cours de cet ouvrage, d'indiquer quelques-uns des points de passage indiqués par Rudolf Steiner comme les plus favorables pour « faire le saut » de nos facultés normales aux facultés suprasensibles.

Dans notre étude sur l'éthérique, nous avons vu comment la méditation sur la graine d’une plante peut amener le développement des organes de perception de l'éthérique.

La construction du symbole et l'exercice sur la représentation à rebours d'une suite d'événements pour constater l'inversion du temps, nous ont ouvert des portes sur le monde astral.


COMMENT SAISIR LE MOI

En ce qui concerne les points de passage vers le spirituel, vers le Moi profond, Rudolf Steiner en indique trois.

Nous pouvons trouver le premier de ces passages en approfondissant l'expérience de la destruction et reconstruction du corps physique.  

Nous avons rencontré cette expérience en étudiant les rapports de l'éthérique et de l'astral.  

Nous avons vu qu'en Inde, en Grèce, le culte des dieux qui expriment dans leur nature complexe ce phénomène de destruction et reconstruction du corps, a éveillé des mouvements mystiques et religieux fort importants.  

Il est bien entendu qu'il ne saurait être question de ressusciter des cultes qui correspondaient à un état de développement spirituel de l'humanité bien différent du nôtre.  Les faits que nous avons cités n'ont pour nous qu'un seul intérêt : ils nous montrent que le phénomène du renouvellement de l'organisme peut être la source d'une expérience religieuse profonde.

Nous savons tous que nos cellules meurent. D'après les calculs des physiologistes, notre corps est entièrement renouvelé au bout de sept ans environ.  Ainsi il ne subsiste rien aujourd'hui de ce qu'était notre corps il y a sept ans.  Le fait est bien connu, mais c'est une connaissance purement intellectuelle.  Il faut que nous ayons la force de la transformer en une expérience intime, vécue.  

C'est le nœud du problème et c'est là aussi que se rencontre la difficulté.  Il peut être plus facile pour la vaincre de ne pas l'aborder de front.  Le travail sur un tel problème ne peut être fructueux qu'après une étude approfondie des forces éthériques et de l'astral, ainsi que de leurs rapports dans la nature et les êtres vivants.  C'est un travail de second degré, s'il est possible de s'exprimer ainsi.

Comment pourrait-on par cette expérience parvenir à une connaissance du moi ?  Nous l'avons déjà indiqué.  Les formes du corps humain, son plan de construction sont déterminés par la présence du moi, lié intimement à l'organisme.  Il y aurait donc lieu de se concentrer tout particulièrement sur ce qui est spécifiquement humain dans notre organisme, sur ce qui s'exprime par la faculté de se tenir debout, celle de parler et celle de penser. 

Les Anciens l'avaient déjà pressenti.  Les mystères d'Éleusis comportaient, outre les cérémonies cultuelles, des courses à pied et un concours d'éloquence.  Rudolf Steiner a maintes fois insisté sur l'importance de ces trois facultés et sur le fait qu'elles sont étroitement liées.  En elles s'exprime la nature spirituelle de l'être humain.

Dans le plan de construction de l'organisme qui constitue le corps éthérique, nous pouvons donc, dit Rudolf Steiner, trouver une image du moi.

Nous pouvons en second lieu connaître le moi dans le corps astral.  On y parvient ici par un approfondissement de l'expérience que nous avons déjà décrite à propos de la construction des symboles.  

L'exercice sur la construction des symboles doit s'épanouir, dit Rudolf Steiner, en une expérience intérieure, celle de notre autonomie spirituelle. Nous constatons qu'en construisant le symbole, nous dépassons notre vie psychique ordinaire.  Nous percevons que notre activité intérieure n'est plus déterminée uniquement par nos sens.  Nous pouvons contredire l'adage d'après lequel « il n'y a rien dans la pensée qui n'ait été d'abord dans les sens ».  

Nous prenons donc conscience d'une activité intérieure qui n'est déclenchée par rien d'autre que notre propre volonté. Cette intervention de la volonté dans l'activité pensante nous permet de passer de l'astral au moi.

Enfin on peut atteindre le moi dans le spirituel.  « Dans ce cas », écrit Rudolf Steiner, « le moi se révèle comme une essence spirituelle existant par elle-même et, jusqu'à un certain point, indépendante dans son univers spirituel ».  

On parvient ainsi à la connaissance des faits que nous avons décrits en étudiant le moi, et en exposant les conditions et les raisons de son autonomie dans le monde spirituel.

On peut se préparer à cette expérience par l'exercice de « la pensée sur la pensée », souvent indiqué par Rudolf Steiner. Comment pensons-nous ? Comment les idées, les images s'accrochent-elles les unes aux autres pour former ce que nous appelons notre pensée ?  
La pensée de chacun se forme, s'organise d'une façon différente.  On peut s'en rendre compte en étudiant comment les idées s'enchaînent ou s'appellent chez un philosophe ou un littérateur.  

On se rend compte ainsi de la façon dont s'exerce la faculté d'invention de la pensée. Or cette faculté d'invention est une manifestation du moi.  

Elle constitue en outre un acte libre, qui est la marque d'un moi, d'un être indépendant, autonome dans le monde spirituel. Tels sont, d'après Rudolf Steiner, les points de passage par lesquels nous pourrions continuer notre quête du spirituel au-delà du point où s'arrête le chemin que nous avons suivi.



CONCLUSION

Nous voici parvenus au bout de la route que nous avions projeté de parcourir.

Le problème posé était le suivant : l'enseignement que nous donne la science spirituelle sur les mondes suprasensibles constitue-t-il une véritable science, ou bien n'est-ce qu'une révélation à laquelle on ne puisse adhérer que par la foi ?  Jetons un dernier coup d'œil sur le chemin que nous avons parcouru pour trouver une réponse à cette question.

La science spirituelle possède des modes d'investigation, des méthodes qui lui sont propres.  Ceci n'a rien d’illégitime.  Chaque ordre de faits dans le monde physique ne peut être connu que par des disciplines appropriées.  

Les faits ne sont pas établis par les mêmes moyens si on passe des mathématiques à l'histoire ou aux sciences naturelles, et la façon de penser varie, elle aussi, d’une science à l'autre.

Pour parvenir à une connaissance des réalités que la science spirituelle cherche à atteindre, il faut donc s'habituer à diriger son observation sur un aspect des faits que les sciences de la nature laissent de côté, parce qu'il n'est pas de leur domaine.  Il faut aussi s'habituer à les penser d'une façon nouvelle.  Cet entraînement progressif constitue bien un chemin, une voie de développement qui nous ouvre peu à peu des domaines jusqu'ici ignorés.
C'est le chemin que nous avons suivi.  Nous avons voulu, de propos délibéré, n'avoir recours dans nos investigations qu'à nos facultés ordinaires et normales.  Rudolf Steiner, en effet, a maintes fois affirmé que pour admettre les enseignements de la science spirituelle, même pour vérifier, au moins en partie, son bien-fondé, il n'était nécessaire de faire appel qu'aux facultés que tout homme possède : observation, jugement, bon sens.  Nous avons voulu vérifier s'il en était bien ainsi.

Nous avons vu qu'en ce qui concerne le monde éthérique, l'observation des êtres vivants permet de vérifier dans leurs points essentiels les affirmations de la science spirituelle.  Les données ainsi obtenues peuvent être considérées comme aussi sérieusement établies et prouvées que beaucoup de vérités scientifiques officiellement admises.

La nature même des faits par lesquels se manifeste le monde astral permet moins de rigueur dans la démonstration. Les faits d'ordre psychologique sont toujours fluides ; ils laissent place à des divergences d'interprétation.  D'ailleurs la psychologie officielle se heurte aux mêmes difficultés.  Sur ce terrain encore, la science spirituelle se trouve sur un pied d'égalité avec les autres disciplines scientifiques.

Nous ne pouvons, par nos facultés normales, atteindre les faits d'ordre spirituel.  Ils leur échappent.  Nous l'avons reconnu.  Mais la science spirituelle a au moins un mérite.  Elle peut expliquer pourquoi.
En outre, si les réalités du monde spirituel ne peuvent être saisies directement par nos seules forces, elles nous ont été minutieusement décrites par Rudolf Steiner.  Leurs effets, leurs conséquences dans le monde physique ont été indiqués, expliqués. Nous pouvons donc, a posteriori, examiner si les faits correspondent bien à l'enseignement donné.  Si cette méthode est la moins rigoureuse de toutes, elle est cependant employée et reconnue comme légitime, nous l'avons vu, dans maintes disciplines scientifiques.

Enfin il est un point qu'il ne faut pas perdre de vue : l'enseignement de la science spirituelle n'est pas une suite disparate de données éparses, sans liens.  

Elle forme au contraire un ensemble coordonné où tout se tient et s'enchaîne, une unité organique.  On serait tenté parfois de la comparer à l'un de ces grands systèmes philosophiques où les penseurs les plus puissants se sont efforcés de réunir en une vaste synthèse toutes les connaissances humaines.  

De ces grands systèmes, la science spirituelle a l'envergure.   Mais elle en diffère cependant par la façon dont elle est construite.  Les systèmes philosophiques forment un ensemble où tout est ordonné autour d'un point central d'où tous les détails sont logiquement déduits, où tous peuvent être logiquement ramenés.  Cette notion centrale peut être formulée en une ou quelques propositions simples.  Le mot « système » exprime de façon claire cette formation d'une synthèse par coordination logique.  La science spirituelle n'a pas ce caractère. Elle ne pourrait être comparée qu'à une formation organique.  

Or, un être vivant ne possède pas un organe central d'où tous les autres tireraient leur existence et auquel on pourrait tous les ramener. Tous coopèrent conjointement à l'unité de l'être.  Tous sont indispensables à la vie, aucun n'est le point essentiel dont tout l'organisme dérive.  Le cœur et le système sanguin ne sont pas davantage le centre de l'être que le cerveau et le système nerveux. Le système respiratoire n'est pas moins nécessaire que le système digestif ou les glandes endocrines.  Tous sont cependant liés et réagissent les uns sur les autres ; aucun ne peut subsister hors de l'ensemble qu'ils constituent.

De même, dans la science spirituelle, le monde astral et ses particularités ne sauraient être logiquement déduits des descriptions qu'on nous donne du monde spirituel ; le monde éthérique n'est pas la conséquence du monde astral et il n'en tire pas son origine. Et cependant tous ces éléments son~ indispensables. Ils forment un tout, un ensemble vivant qui s'exprime dans la vie de l'univers et dans la vie de l'être humain. Nous ne saurions ni nous comprendre, ni comprendre l'univers si nous ne voyions pas tous ces éléments réunis en un ensemble organique et chacun à sa place dans son rôle et sa fonction bien déterminés.  La science spirituelle est la conception globale vivante d'un univers vivant.  Ce n'est pas une construction logique, abstraite, systématique.

Dans ces conditions, on ne saurait en détacher une partie ; admettre par exemple l'existence des forces éthériques parce qu'elle paraît la plus solidement fondée et rejeter le reste de l'enseignement.  Ce serait aussi inintelligent que d'admettre l'existence d'un système nerveux qui vivrait tout seul, séparé de tout organisme.

On admet d'ordinaire dans les sciences qu'une hypothèse qu'on ne peut vérifier peut être reconnue comme valable lorsqu'elle s'accorde avec des données qui ont été solidement contrôlées et éprouvées, lorsque l'ensemble forme un tout.

On doit équitablement appliquer la même règle à la science spirituelle. Si nous pouvons considérer comme sérieusement établies certaines de ses données, nous devons admettre comme valables, jusqu'à preuve du contraire, des affirmations que nous ne pouvons prouver, mais qui s'accordent organiquement avec ce qui a été reconnu vrai.  Le fait que nous pouvons contrôler, par nos facultés ordinaires, une partie importante de l'enseignement, nous autorise à admettre les données que nous ne pouvons pas vérifier, au moins sous bénéfice d'inventaire.  On peut leur accorder un « préjugé favorable ».  Il est donc normal et légitime de les prendre comme hypothèse de travail.

Il résulte de notre examen que la science spirituelle a droit au titre de science.  Ses affirmations peuvent être vérifiées par des méthodes qui sont reconnues comme valables lorsqu'on les applique aux sciences officielles.  

On doit donc, à tout le moins, les prendre en considération.

En sera-t-il vraiment ainsi?  Non certes.  Il se trouvera un grand nombre de bons esprits, solides, intelligents, cultivés, formés aux disciplines scientifiques, philosophiques ou religieuses, qui s'insurgeront.  Plus on leur apportera de preuves, d'arguments sérieux, plus il se rebelleront, tandis qu'ils supporteraient, accepteraient même une vague et nuageuse religiosité sentimentale.  Pourquoi cela ?  Il appartient à une science du spirituel de l'expliquer.

Nous avons vu qu'en face des problèmes que pose le spirituel, l'homme doit, à l'époque actuelle, rester libre.  Il a droit à cette liberté.

Tous ceux qui ont compris cet enseignement doivent donc tout d'abord, dans des cas de ce genre qui sont très fréquents, respecter entièrement cette liberté, ne jamais s'efforcer de prouver à tout prix, ni se faire fort d'apporter des arguments destinés, croient-ils, à forcer la conviction.

Ils doivent chercher à comprendre leurs contradicteurs, sans jamais les accuser, même intérieurement, d'étroitesse d'esprit, d'entêtement dans des préjugés ou de mauvaise foi.

Parmi ces détracteurs, il s'en trouvera de plusieurs catégories.

Tout d'abord des hommes qui sont profondément préoccupés des problèmes d'ordre spirituel, mais qui, inconsciemment, ne se sentent pas la force de les aborder directement, de front, par eux-mêmes, et d'être seuls, en pleine conscience, en face d'une décision et d'une direction spirituelle à prendre.  

Devant leur regard intérieur, ils aiment que le spirituel miroite, comme un étang au crépuscule, dans une brume un peu indistincte, à la marge, à la frange de la conscience.  Il leur semble qu'ils défloreraient le spirituel en s'efforçant de le penser, de le discuter. Ils veulent y joindre un sentiment de chaleur intérieure et non de froides vues de la pensée.  Ils ressentent le besoin d'être enveloppés, portés, bercés par les formes religieuses.  Leur faiblesse intérieure doit être soutenue par un directeur de conscience.  Il leur faut un marchepied pour atteindre au spirituel ; ils ne peuvent l'aborder que par le truchement des rites, des cérémonies, des sacrements.  Ils s'échauffent à la chaleur communicative des prières publiques ; leur conscience se voile légèrement et s'irise au rythme lénifiant des chants liturgiques.  Ils se sentent apaisés.  Ils sont rassurés lorsqu'ils pénètrent dans le spirituel au milieu de toute une foule. Tout seuls ils auraient peur de n'être pas « dans le bon chemin ». S'ils se risquent à la prière ou à la méditation solitaires, il faut au moins que ce soit dans des formes éprouvées, décrites, conseillées par une tradition plusieurs fois millénaire.  

Il faut se garder d'essayer de troubler la conviction ou la foi de ces hommes, surtout si elle leur apporte vraiment la paix intérieure.  Ce sont des âmes encore trop jeunes pour la science spirituelle.  On peut au contraire les aider en leur communiquant, sans les inquiéter par l'origine, des données judicieusement choisies de la science spirituelle qui puissent apporter un peu plus de solidité à leur conscience.  

Il est une autre catégorie d'hommes qui ne ressentent aucun besoin de connaissance spirituelle.  Ils doivent être laissés, eux aussi, entièrement en paix ; leur destin, leur karma les écarte, pour cette incarnation, de tout problème autre que ceux du monde physique. Ce n'est pas une preuve de fermeture d'âme ou de non-valeur.  C'est l'indication que, karmiquement, ils doivent rester actuellement étrangers à toute préoccupation spirituelle.  

Le plus grand nombre des détracteurs de la science spirituelle, les plus ardents aussi, sont tous ceux qui, inconsciemment, ont peur du spirituel.  Rudolf Steiner a souvent répété que la peur du spirituel est une des caractéristiques les plus frappantes de l'âme moderne.  Il y a un nombre considérable d'hommes qui ne peuvent pas supporter qu'il existe quoi que ce soit de spirituel.  Pour eux il ne s'agit même pas de discuter le problème ; ils ne tolèrent pas qu'il soit posé.  Ce n'est pas leur pensée qui rejette des arguments, c'est leur volonté qui s'insurge ; une volonté issue de leur inconscient et qui s'impose à eux avec une violence irraisonnée qu'ils ne sont pas maîtres de discuter.  

Si on essaie de les convaincre, si on leur apporte des arguments qui paraissent sérieux, qu'ils craignent de ne pouvoir réfuter, ils ripostent par la colère ou par la haine.  Ils supporteraient n'importe quelle superstition, même la plus grossière, parce qu'elle est sans prise sur eux.  Ils tolèrent les religions ; elles sont sans attrait à leurs yeux.  Ils se disent et se croient larges d'esprit, impartiaux, objectifs.  Ils affirment posséder « l'esprit scientifique ».  

Mais l'idée seule qu'on puisse étudier scientifiquement les mondes suprasensibles leur paraît intolérable, car ils sentent qu'ils pourraient être obligés d'admettre l'existence de ce spirituel qu'ils veulent à tout prix écarter d'eux.  

Pour les comprendre, il faut se souvenir qu'à notre époque la plupart des êtres humains doivent passer par une expérience capitale : ils doivent se sentir entièrement coupés du spirituel ; il faut qu'ils aient la conviction d'être sur terre en face d'un monde purement physique.  C'est le seul moyen de faire l'apprentissage de la liberté, de sentir qu'on doit diriger par soi-même et par ses propres forces sa vie morale, sa pensée, toute sa vie intérieure.  On apprend ainsi qu'on peut se poser à soi-même ses propres buts, qu'on peut devenir un être autonome.  

Nous avons vu qu'acquérir cette conviction de la liberté, de l'autonomie, peut être la première des expériences supranormales, une de celles qui ouvrent la porte des mondes supérieurs.  On voit aussitôt comment il peut être nécessaire qu'à notre époque tant d'hommes fassent cette expérience, même sous forme inconsciente.  Ils passent par une épreuve qui sera capitale pour leurs existences futures.  Il faut donc qu'ils s'écartent du spirituel ; et cela se traduit en eux par la peur.

Faut-il donc abandonner tout désir de voir les hommes d'aujourd'hui se frayer un nouveau chemin vers l'esprit ?  Non certes.  Il faudrait au contraire pouvoir retracer, devant le plus grand nombre d'esprits possible, les images des mondes suprasensibles que décrit la science spirituelle.  Il y a en effet dans ces images mêmes une force d'éveil des facultés suprasensibles, ou tout au moins d'un sens de la vérité qui en est tout proche.  À un autre point de vue, c'est le devoir strict de tous ceux qui ont reçu l'enseignement de la science spirituelle de le donner à leur tour.  En contrepartie il est sain, pour leur propre développement, de le faire.

Pour bien comprendre comment il faut agir vis-à-vis d'êtres qui ne recherchent pas par eux-mêmes la connaissance des vérités d'ordre spirituel, il faut bien se rappeler que la science spirituelle n'a pas seulement pour but d'éveiller l'intelligence.  Elle vise un développement complet de l'être humain.  De propos délibéré, nous avons, dans cet ouvrage, restreint notre étude au problème de la connaissance et des méthodes sur lesquelles on peut légitimement la fonder.  Il est juste, lorsqu'on aborde un enseignement, d'éprouver s'il est solidement établi.  

Il est normal également que, se trouvant brusquement mis à même de puiser dans la masse immense de faits que nous révèle la science spirituelle, on se sente avide de connaissances.  On voudrait tout absorber.  On ressent une sorte d'ivresse.  Il semble que des pans de murs s'écroulent, que des horizons immenses sont brusquement dévoilés ; on perçoit des rapports nouveaux entre les faits ou les choses, des enchaînements inattendus.  On a l'impression délicieuse de mieux comprendre toutes choses, de devenir plus intelligent.  C'est un sentiment naturel sans doute, mais il ne faut pas s'attarder à cette griserie intellectuelle, s'y complaire, en faire le seul but de ses efforts. Si on en reste là, il se développe rapidement un peu de vanité jointe à de la sécheresse.  On ne porte plus d'intérêt qu'à une sorte de jeu intellectuel ; et l'attrait d'un jeu, si passionnant soit-il, diminue tôt ou tard.  

On passe ainsi à côté du but qu'on aurait pu atteindre.

C'est une transformation de l'être humain tout entier qui doit s'opérer, et pas seulement de l'intelligence.  Il faut se souvenir que le chemin de développement que la science spirituelle nous propose ne comporte pas seulement le renforcement de l'activité de la pensée, sur lequel nous avons uniquement insisté dans ce livre, mais aussi le développement moral que décrit Rudolf Steiner, notamment dans son ouvrage écrit L'Initiation.  Si nous savons joindre ce développement moral à l'activité de la pensée, alors vraiment la science spirituelle devient vivante, et nous vivifie en métamorphosant, en transmuant tout notre être.

Ceux qui nous entourent ressentent beaucoup plus profondément les qualités ainsi acquises que tous les arguments et toutes les preuves que nous essaierions de leur apporter, les faits et les descriptions dont nous voudrions les émerveiller.  Ils seront frappés de l'objectivité dans les jugements, de l'absence de passion dans les opinions, du sens de la vie que nous pourrons manifester dans tous les domaines de la vie courante.  

Si nous avons pu acquérir de la fermeté dans nos décisions, de la présence d'esprit et du courage devant les événements inattendus, de la sérénité dans les épreuves, ils le reconnaîtront.  Ils demanderont d'où nous viennent ces facultés.  Il n'y aura pas de raison de le leur cacher.  Ils n'adhéreront peut-être pas à nos convictions, mais ils auront au moins pour elles du respect.  Ils comprendront peut-être ce qu'est vraiment dans son essence la science spirituelle, ce qu'elle devrait être pour tous : une école de sagesse.

C'est sur ce mot de sagesse que nous devons terminer ce livre.  Si nous voulons, en effet, caractériser la science spirituelle mieux que nous n'avons pu le faire dans ces pages, si nous voulons la résumer en un mot, nous devrons dire qu'elle est une sagesse, une sagesse humaine, une « Anthroposophie ».




[1] Personne initiée aux mystères.

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